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L'étau se resserre autour des terroristes Tizi Ouzou une cité hautement sécurisée
Malgré la présence terroriste et les différentes formes de criminalité
L'offensive de l'ANP au sud-est de la wilaya se poursuit
Les multiples barrages combinés des forces de sécurité implantés aux portes de Tizi Ouzou, la nuée de guérites munies de meurtrières, les herses et les sacs de sable installés çà et là, les barrages de police dressés en divers lieux de la ville sont autant de signes révélateurs de la présence du crime sous toutes ses formes. Ils donnent à cette «ville saturée» une image d'une forteresse hautement sécurisée. Bien que ce maillage hermétique décidé par le comité de sécurité de la wilaya soit destiné à faire barrage aux hordes terroristes, traquées aux coins les plus reculés des massifs montagneux et forestiers composant la chaîne du Djurdjura, il est convenable de dire qu'il a contribué au retour progressif à une stabilité sécuritaire au sein de Tizi Ouzou, où une moyenne et petite criminalité persiste encore. Dans ce reportage, nous avons tenté de rendre au mieux de la situation sécuritaire qui prévaut au sein de cette ville et ses périphéries, sujette à toutes les formes de tension et en proie d'une manière récurrente aux mouvements de revendication et de protesta. La nuit, moment privilégié pour le crime, la bruyante ville de Tizi se vide progressivement de ses habitants. Les quelques désœuvrés ou SDF trouvent refuge aux alentours de la centrale de police. On ne peut évoquer le nom de cette ville historique sans faire allusion à la crise de 2001. Une période marquée par l'expression du ras-le-bol des autochtones connus pour leur caractère revendicatif et rebelle. Une période dramatique ayant coûté la vie à des centaines de personnes, endossable aux «récupérateurs des mouvements populaires se cachant derrière des arguments politiques». Outre le caractère légitime des revendications exprimées, il convient de dire que celle exigeant le retrait des brigades de gendarmerie dans les zones rurales (extra muros) a été propice à l'émergence de diverses formes de criminalité au vu de la fragilisation du dispositif sécuritaire. L'impunité prédominante conjuguée à l'absence de cette institution a conduit à l'émergence de réseaux de banditisme qui écumaient Tizi Ouzou et les zones périphériques où l'insécurité avait atteint un degré nécessitant le déploiement des forces de l'ANP. Il est bien connu que durant cette période post-crise de Kabylie, les braquages de banque, de poste et autre convoi de fonds avaient suscité l'inquiétude des autorités mais également des populations qui se voyaient prises en étau entre les bandes criminelles et le terrorisme sanguinaire. Huit années après, le comité de sécurité, composé du wali et de hauts responsables des corps de sécurité et tenant compte des constats et des revendications établis et énumérés par les centaines de comités de quartiers et de villages (environ 1400 petits îlots dispersés et construits autour des 67 communes de la wilaya), a mis en place une stratégie qui a concouru à la restauration progressive de la sécurité. Pour taire les mouvements de protestation ayant pour revendication essentielle l'amélioration des conditions de vie au sein de la cité, des décisions et des mesures ont été prises mais les effets ont tardé à poindre à l'horizon, d'où la tension existante. Une ville en chantier Cela dit, les rues et les avenues de la ville de Tizi Ouzou, où le chômage bat son plein, donnent une image d'une ville en chantier. Certaines sources indiquent que «9000 projets de construction d'écoles, de routes, de voirie, de logements LSP et sociaux sont en cours de réalisation». Toutefois, l'état de délabrement dans lequel se trouvent bon nombre de quartiers laisse entrevoir un laxisme des pouvoirs publics que les divers mouvements de protestation n'hésitent pas à dénoncer. Des trottoirs défoncés, des routes éventrées, des canalisations fissurées, un manque flagrant d'harmonie des constructions, qui n'obéissent à aucune norme ou style, sont entre autres négations relevées au sein de cette ville, qui pourtant a bénéficié d'importantes enveloppes budgétaires allouées par l'Etat. Sur cette question, la plupart des citoyens imputent la responsabilité aux pouvoirs publics et «aux cartels maffieux gravitant autour». Cela dit, au cours de notre virée dans la périphérie de Tizi, nous avons été subjugués par les panoramas féeriques qui s'offraient agréablement à nos yeux. La beauté des forêts des Ouacifs, d'Aït Yenni, de Larbaâ, sur l'axe de Maâtkas ou les reliefs des massifs de Fréha, des Aghribs, de Yakouren, d'Adekar et d'El Kseur menant vers Béjaïa nous firent oublier le terroriste qui inopinément pouvait nous surprendre. Même les signes d'incivisme traduits par les millions de bouteilles de vin et de bière jonchant les routes n'ont pas influé sur notre désir d'aller de l'avant, à la découverte des subliminales régions entourant la capitale des Genêts. La police et le spectre des émeutes Le souvenir des émeutes de 2001 est encore vivace dans les esprits. Les divers services de police gardent encore en tête les images terrifiantes des manifestations dont les conséquences se sont traduites par des pertes humaines et matérielles. Le spectre des émeutes a constitué une des plus grandes entraves pour ces services qui ont, bon gré mal gré, mené une véritable guerre contre le crime qui profitant du vide a pris racine. Pour ce faire, gérer les mentalités revendicatives et intempestives des Tiziouziens était la priorité. Un principe à ne pas négliger. «Il faut gérer d'une main de fer dans un gant de velours», dira-t-on. Hormis le terrorisme dont la lutte extra muros (zone rurale) relève de l'armée avec le soutien des BMPJ, les services de police judiciaire au sein de Tizi Ouzou enregistrent des résultats probants dans le traitement des affaires de banditisme telles que les enlèvements, les séquestrations ou autres infractions aux conséquences dramatiques. Il faut dire que depuis quelques années, les comités de quartiers et de villages ayant pris conscience du danger que représente la criminalité pour la société ont opté pour la collaboration en souscrivant au principe de la restauration de la sécurité à Tizi et ses environs. Une attitude réfléchie de ces populations qui se sont attelées à entreprendre des campagnes de sensibilisation. La contribution citoyenne de ces derniers a largement concouru à l'instauration d'une certaine stabilité qui se laisse entrevoir. C'est du moins l'avis des quelques citadins interrogés. Néanmoins, la plupart des affaires d'enlèvement (3 affaires traités) moyennant des rançons ne sont pas déclarées par les riches victimes ciblées, lesquelles préfèrent payer les rançons et passer sous silence les détails, pour des raisons inavouées. «Il y a eu beaucoup de rapts et d'enlèvements mais pour plusieurs raisons ou par obéissance au système patriarcal existant encore en Kabylie, les victimes ne recourent pas aux services de sécurité», affirment des autochtones. Au vu de l'hermétisme propre à une certaine couche de la population, les services de police exploitent, voire surexploitent le renseignement à dessein d'identification et de localisation des points noirs (lieux propices au crime). Aux fins de parer à l'avancée du crime, des opérations coup de poing ainsi que des opérations ciblées sur la base de renseignements sont opérées par les éléments de la police judiciaire dont une grande partie est «banalisée». Pas moins de 847 affaires relatives aux atteintes aux personnes (homicides, tentatives d'homicide, enlèvements et séquestrations, viols et autres infractions sexuelles, coups et blessures volontaires) ont été solutionnées. Un chiffre mettant en évidence la diminution progressive des crimes visant les personnes, comparativement aux années précédentes où le nombre était plus important. Les délits relatifs aux atteintes aux biens (vols à main armée, par effraction ou avec conséquences aggravantes, vols de véhicules et autres) sont les plus constatés avec 973 cas durant les neuf premiers mois de l'année en cours. Les crimes financiers, considérés comme les délits aux signes latents, sont également pris en charge mais épousent une constante. Lors des neuf mois en cours, 207 affaires ont été solutionnées et les auteurs traduits devant la justice. Bien que le spectre des émeutes plane sur la ville, les policiers dans le traitement des affaires d'atteinte à l'ordre public n'ont pas hésité à interpellé 80 personnes impliquées durant l'année en cours dans 104 affaires. Un chiffre croissant par rapport à celui de l'année passée durant laquelle seulement 73 affaires ont été recensées. Une croissance qui reflète le désappointement et la désillusion des citoyens qui ne cessent de «remettre en cause la gestion des affaires de la cité» et pour laquelle la rue demeure le seul moyen d'expression. Le retour de la gendarmerie exigé par les populations rurales S'il est vrai que les populations urbaines ont souffert des affres du banditisme et des autres formes criminelles, dans les zones rurales, le terrorisme, les activités criminelles et le trafic en tout genre pullulaient au grand malheur des populations, contraintes à garder le silence. Depuis quelques années, un travail de sensibilisation et de concertation entre, d'une part, les élus et les responsables (patriarche) des villages et des comités, et, d'autre part, les responsables du comité de sécurité et particulièrement ceux de la Gendarmerie nationale, a été entrepris, nous a révélé le commandant de groupement, le colonel Benazouz Salim. Cette concertation renouvelée a amené le commandement de la gendarmerie à élaborer une stratégie dont le seul dessein est de sécuriser les hameaux et villages dans les coins les plus reculés de la périphérie. Hormis la réinstauration des brigades détériorées lors des événements de 2001, il est question de la réalisation d'une vingtaine de brigades ainsi que d'une multitude de petits postes d'intervention dans l'optique d'une occupation du terrain. Cette stratégie à long terme vise à installer des brigades de gendarmerie au sein des 67 communes situées dans la circonscription de la wilaya, lesquelles seront appuyées par des sections d'investigation (SSI) chargées notamment de collecter des renseignements aux fins d'identifier les modes opératoires des groupes de malfaiteurs dont une partie écume encore les régions rurales. C'est aussi dans la perspective de ceinturer Tizi et renforcer les services de police en milieu urbain. Ce dispositif ne manquera pas d'alléger la mission des policiers. La citoyenneté reprend ses droits dans les périphéries de Tizi Ouzou, où une réelle prise de conscience s'est emparée des populations résolues à assister les gendarmes en fournissant des renseignements sur les agissements des criminels. Il est à signaler que les gendarmes n'ont de cesse traqués les criminels en démantelant des réseaux de trafic de drogue mais surtout les débits de boissons illégaux et la prostitution qui avaient pris des proportions inquiétantes. En ce sens et durant l'année écoulée, il est fait état du traitement de 78 affaires liées aux atteintes aux personnes (agressions, enlèvements, coups et blessures, homicides, etc.), de 57 affaires ayant trait aux atteintes aux biens, de 15 liées aux meurs, de 4 inhérentes à l'ordre public, de 5 affaires de drogue. Par ailleurs, les gendarmes de ce groupement ont traité 10 affaires ayant trait au crime organisé (drogue, faux et usage de faux, etc.). La Gendarmerie nationale s'implante bel et bien en zone rurale mais avec le consentement affiché des autochtones qui se disent «plus rassurés». Patrouilles et barrages inopinés nocturnes et diurnes Avec une parfaite connaissance des lieux fréquentés par les délinquants et criminels, les BMPJ effectuent des rondes quotidiennes. Nous sommes surpris par l'avenante attitude des citoyens qui, d'un sourire ou d'un geste de la main, saluent le passage des policiers. Obéissant à une feuille de route ou à son instinct, l'officier Sofiane décide de dresser un barrage sur le pont de Oued Falli. «Cette route nationale tortueuse et bordée de forêts, menant vers Bouira, Draâ El Mizan et autres régions, est un passage obligatoire pour les criminel», affirme ce dernier. A peine 10 minutes après son installation, les éléments de la BMPJ interpellent le chauffeur d'une Golf recherchée. Il sera transféré par des policiers en civil. «Le barrage ne peut durer plus d'une demi-heure», lance l'officier. Par déduction et suite aux données accumulées par nos soins, nous comprenons que le téléphone mobile et son utilisation par les réseaux constitue le fondement de ce principe. Les voitures de même que les bus de transport suspectés son passés au peigne fin. Le quartier Boukhalfa, point noir en raison de sa fréquentation par les délinquants et sa proximité avec la luxuriante forêt, était la deuxième étape de la patrouille. «Ici, les délinquants son nombreux, notamment ceux qui versent dans la commercialisation et la consommation de drogue», indique Sofiane avec affirmation. Des petits sentiers donnant accès à la forêt sont visibles. On apprendra par ailleurs que ces derniers étaient, dans le passé, utilisés par les hordes terroristes. La virée à travers les rues et les quartiers ne donnent aucun résultat en dépit des quelques fouilles opérées sur des personnes suspectes. Il fait déjà nuit lorsque la patrouille prend la direction du village de Redjaouna. Un village situé sur les hauteurs de Tizi accessible que par une seule route sinueuse. Bien que rassuré, le spectre du terrorisme planait. Chaque arbre pouvait dissimuler un potentiel terroriste, nous fait-on entendre. La vigilance était donc de mise. Un bar illégal s'est empressé de baisser rideau à la vue des policiers et les clients s'éclipsaient à la faveur de l'obscurité. Après quelques contrôles effectués sur les quelques véhicules, nous prenons le chemin du retour. Il est environ 22h lorsque nous quittons les lieux de la wilaya. Avec le sentiment d'avoir accompli notre mission, nous empruntons la sortie de Boukhalfa en direction d'Alger via le barrage de police. D. M.
L'offensive de l'ANP au sud-est de la wilaya se poursuit L'étau se resserre autour des terroristes L'offensive que mène l'ANP dans les maquis chevauchant les communes d'Iferhounène, d'Imsouhal et de Bouzguène, à l'extrême sud-est de la wilaya de Tizi Ouzou, se poursuit toujours de jour comme de nuit. Selon nos informations, les troupes au sol, appuyées par une armada d'hélicoptères de combat qui pilonnent sans interruption ces maquis, poursuivent leur progression. Cette progression, avons-nous également appris, se fait lentement, tant des accès peuvent être minés par les groupes armés, ce qui nécessite la mobilisation de démineurs afin de parer à toute éventualité. Hormis l'élimination de quatre éléments vendredi dernier en fin de journée et la récupération de leurs armes ainsi que la destruction de certaines casemates, aucun autre bilan n'a filtré sur cette opération d'envergure. Toutefois, la région est toujours encerclée par les forces combinées qui ne veulent pas laisser des brèches aux terroristes afin de prendre la fuite. Les maquis sont donc scrupuleusement surveillés, même par des moyens aériens. Durant la journée d'hier, plusieurs hélicoptères, dont certains sont utilisés pour la reconnaissance, tournoyaient sans arrêt dans le ciel. Ceci dénote une volonté des services de sécurité de venir à bout des groupes qui écument cette région, en particulier Katibat El Houda et El Anouar qui ont tétanisé le flanc sud de la wilaya de Tizi Ouzou depuis de nombreuses années. A signaler également que la région encerclée par l'ANP est considérée comme un point de jonction entre les groupes qui activent dans la wilaya de Béjaïa, notamment dans l'Akfadou et le Djurdjura jusqu'à la wilaya de Bouira.