Assis depuis les premières heures du matin sur la marche d?un escalier, avec sa petite fille de 5 ans, Saïd raconte qu?il chôme depuis plusieurs années, et qu?il perçoit une pension de chômage de 5 000 DA. «Je travaillais dans une usine qui a déclaré faillite. Je me suis retrouvé au chômage alors que j?avais 7 personnes à charge». Ses frères, assis avec lui, tous pères de famille, en chômage, vivent la même situation. «Les seules nouveautés, à Bentalha, sont l?installation du commissariat, d?une annexe de l?APC, un dispensaire et un bureau de poste. C?est tout ! Ces candidats parlent bien, ils énumèrent les promesses, mais sur le terrain, la réalité est tout autre». Les autres s?esquivent. Ils ne veulent pas ou n?osent pas parler des élections. Des frimousses hagardes et des regards abattus par la misère. Ils se lèvent harassés et dérangés par notre présence. «Ces responsables sont venus danser ici, alors que le terrorisme ébranlait la région, pour s?enfuir par la suite et nous abandonner à notre propre sort. Où sont-ils aujourd?hui ? Nous les attendons.» Assis à ses côtés, quelqu?un lance violemment, comme emporté par la colère : «Les jeunes ne travaillent pas. Ce sont de pauvres porteurs. Aucune usine n?a été installée, les projets sont bloqués. Comment absorber cette masse juvénile productive. Ce ne sont pas les activités qui manquent, il y a beaucoup à faire.»