S?ils ne sont pas au café en train de jouer aux dominos, c?est qu?ils sont dans l?un des squares ou jardins publics d?Alger. Ils, ce sont les retraités qui passent leurs journées "à tuer le temps" comme dit l?un d?eux, Ammi Saïd, rencontré à la place principale du quartier 1er-Mai. Pour raconter sa journée, il n?y va pas par 36 chemins. Le réveil est réglé à longueur d?année sur l?heure de la prière du matin. Cet acte de piété est le premier geste qui inaugure l?existence de notre interlocuteur depuis cinq ans qu?il n?exerce plus d?activité professionnelle. Il ne veut pas, non plus, se reconvertir dans un autre travail, car il estime avoir assez donné pour la société en passant le plus clair de sa vie à l?usine. «Je ne veux plus y retourner et je veux plutôt finir mes jours en paix», dit-il. Mais en plus d?espérer la paix, que fait-il de ses jours ? Après un petit déjeuner pris calmement et sans aucune précipitation lorsqu?il travaillait encore, Ammi Saïd, tourne le bouton de la radio pour écouter les informations de différentes chaînes pour se tenir informé des dernières nouvelles intervenues dans le monde. Ce n?est que lorsque le reste de la famille se lève, vers 7 heures, qu?il décide de quitter la maison en direction du café le plus proche où il rencontre quelques-unes de ses connaissances. Inévitablement, la discussion tourne autour de la situation politique en Algérie et dans le reste du monde. Après avoir siroté un café ou un thé, le groupe prend quelquefois la direction du marché pour faire les achats domestiques. Puis, retour à la maison, car il n?est guère agréable de se trouver dehors en ces journées de canicule. Le reste de la matinée est occupé par la lecture des journaux ou par les discussions familiales jusqu?à l?heure du déjeuner, après quoi, vient celle de la sieste. Ce n?est que l?après-midi, qu?il rejoint une nouvelle fois ses copains réunis à la même place, assis sur les mêmes bancs et s?adonnant au même jeu de dominos au milieu des mêmes cris. Au fond, rien ne change, sauf peut-être l?alternance des gagnants et des perdants. «Mais, peu importe de savoir qui gagne ou qui perd, tant le but du jeu est plutôt celui de se retrouver», dit notre interlocuteur. Heureusement que la routine est brisée quelquefois par les visites familiales ou les différentes autres occupations, comme celle d?accompagner les petits à l?école, de temps à autre. Quelquefois, Ammi Saïd prend l?initiative de s?enquérir de la situation de ses amis se trouvant, pour la plupart, dans les quartiers environnants pour changer d?ambiance. Sinon, sa vie reste rythmée par les horaires des prières accomplies à la mosquée. Ce n?est que la nuit tombée qu?il retrouve enfin les siens, avec lesquels, il prend le dernier repas de la journée.