Valeur n L'œuvre de Mohammed Dib est reconnue en Algérie «comme étant une expression profonde du pays». C'est ce sur quoi ont été unanimes les participants à la troisième et dernière journée, hier, du colloque international sur «Le retentissement de l'œuvre de Mohammed Dib». L'universitaire algérienne, Yamilé Ghebalou Haraoui, a démontré que l'écriture poétique de Dib développe une forme de «fidélité à l'être». Il s'agit en quelque sorte, a-t-elle expliqué, «d'une mystique naturelle qui prend appui sur des paradigmes musulmans, mais également sur ce que l'Islam appelle el fitra, qui n'est nullement l'instinct au sens dégradé qu'elle a pris actuellement». Pour sa part, l'universitaire allemande, Régina Keil-Sagawe, a passé en revue les spécificités et problèmes de la traduction et la réception du texte franco-algérien qui s'élabore «comme tout texte post-colonial, dans les arcanes du tiers espace avec ses imbroglios intertextuels et interculturels», a-t-elle dit. D'autres participants ont estimé que le legs civilisationnel et culturel de la cité de Tlemcen «a beaucoup influencé les écrits de Mohammed Dib». Selon le Dr Abdelhamid Bourayou, enseignant de la culture populaire à l'université d'Alger, cette influence se distingue fortement dans la phase réaliste de la vie littéraire de Dib, coïncidant avec les années cinquante, et s'est traduite par l'écriture de la célèbre trilogie (L'Incendie, La Grande Maison et Le Métier à tisser). Il a ajouté que Dib, qui s'est beaucoup inspiré du patrimoine local renfermant les traditions, les contes populaires, les poésies et les proverbes, a tenté de transmettre ce legs dans ses écrits, à travers des textes décrivant fidèlement la société tlemcénienne, en particulier, et la société algérienne, en général. De son côté, Yelles Mourad, de l'université de Paris (France) a souligné que «Dib est l'enfant de son environnement. Il respirait la culture antique de Tlemcen et a vécu dans ses vestiges historiques qui ne cessent de lui rappeler l'authenticité de la civilisation arabo-musulmane». Cette civilisation a permis également à l'auteur de La Grande Maison de s'ouvrir sur le monde et de dialoguer avec l'autre. L'universitaire Zaïm Khanchelaoui a mis en exergue la relation de Mohammed Dib avec Abi Mediène Chouaïb dans la pensée soufie, tout en affirmant que «la relation réside dans la philosophie spirituelle qui s'affirme dans le roman de Dib Simorgh, dont le titre fait allusion à un type d'oiseau mythologique. Selon la même source, «cet oiseau mythique voulait percer l'inconnu pour connaître la vérité absolue et découvrir son ego, dans le contexte de l'unicité de l'univers», tout en indiquant que l'auteur «s'est inspiré de cette idée d'existentialisme à partir de la théorie d'Ibn Arabi, acquise auprès de son maître Abi Mediène». La dernière journée de ce colloque a été marquée par un spectacle adapté de l'œuvre de Dib L'Aube Ismael, superbement interprétée par les comédiens et comédiennes de l'atelier théâtral de l'association La-Grande-Maison». Ce spectacle émouvant a été présenté en hommage à la Palestine.