“Retentissement de l'œuvre de Mohammed Dib” est le thème du colloque international de trois jours, organisé à Tlemcen par le Centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques et l'université Abou-Bakr-Belkaïd dans le cadre de la manifestation “Tlemcen, capitale de la culture islamique” qui boucle son troisième mois d'activité. Le colloque a débuté samedi au nouveau Palais de la culture en présence des deux enfants de Mohammed Dib : Assia et Faiz et de nombreux professeurs et étudiants du département de français. Il a été rehaussé par la participation de spécialistes de la littérature “dibienne” dont Naget Khadda, Khaoula Taleb Ibrahimi, Rachid Boudjedra, Wassini Laredj, Djilali Sari, Mourad Yelles, Anne Roche, Amine Bekkat, Denise Brahimi, Fatima Boukhelou, Hervé Sanson, Paul Siblot. D'emblée il est souligné que l'œuvre de Mohammed Dib est considérée, en Algérie, comme une référence de tout premier plan. En France et dans le monde, elle est suffisamment connue pour être également une référence. Cette œuvre affiche une triple singularité : celle d'être placée au premier rang des œuvres algériennes de langue française ; celle d'être acceptée à la fois par les francophones, les arabophones et les berbérophones ; celle d'être reconnue dans son “algérianité” par tous les lectorats, alors qu'elle est formulée en français. Le comité scientifique dans son argumentaire met en évidence le fait que “(…) de tous les romanciers maghrébins, Mohammed Dib est sans doute l'écrivain dont la production - par les interrogations multiples qu'elle véhicule et sous tous les aspects où elle se manifeste - arrive à assumer en le dépassant cet apparent paradoxe : celui d'être à la fois résolument moderne et inscrite dans une démarche universaliste en même temps que d'être fortement rattachée, fortement ancrée dans le contexte à partir duquel elle a pris son envol.” L'auteur affirme d'ailleurs lui-même à ce propos qu'une œuvre n'a de valeur que “dans la mesure où elle est enracinée, où elle puise sa sève dans le pays auquel on appartient”. Lors de ce colloque, l'œuvre poétique de Dib a été abordée, une manière de rendre hommage aux palestiniens qui commémorent en ce moment dans le désarroi et la tristesse la “Naqba”. Dans l'Aube d'Ismaël , le docteur Sari Ali Hikmet, écrivain, dira : “Elle est structurée en quatre parties, quatre mouvements qui nous font passer du cri à l'antienne funèbre, puis à la danse pour se terminer dans l'apothéose de la naissance de l'aube” en déclamant sa poésie “Ô mouvements. Blancs et noirs enfin pour une sérénité. Mouvements d'ailes, souffle, défection lointaine. Porte de l'aube”. Sous le double intitulé Dib et la bi-langue et Dib et les écrivains de la bi-langue, trois axes ont été retenu, s'articulant autour de “la langue sous la langue”, “traduction du culturel” et “navigation entre les langues”.