Itinéraire n L'idée d'une Rencontre à Djelfa remonte à 1993 lors d'un repérage pour un documentaire sur le sel à Djelfa. Produit par Machaho production, le film est doublement organisé et réalisé par Mohamed Cherif Bega.Il met en scène deux personnages que la culture, l'histoire et, de surcroît, la religion, séparent et font leur différence, mais en même temps les réunissent autour d'un même principe l'amour, le respect et l'acceptation de l'autre. C'est l'histoire de Hadj Delloula Bellabès, un nomade de la tribu des Ouled Naïls de la région steppique de Djelfa, torturé et condamné à mort pendant la Guerre de Libération et le Père François de Villaret, missionnaire français, venu en Algérie en 1935, adopté par les habitants de Djelfa sous le nom du «marabout Abderrahmane». Tous deux sont amis et leur amitié dépasse leur différence culturelle et religieuse. Elle va au-delà des préjugés, du rejet, du formel, de l'identique, du fondamentalisme, de l'extrémisme… Elle dévoile un comportement sincère, humain, une valeur universelle. Leur amitié forte et durable prône l'acceptation de soi. Chacun absorbe l'autre, l'assimile dans le respect et l'humilité, sans toutefois perdre une part de soi. Leur amitié se veut une leçon de ce que nous devons être : soi-même, honnête, ouvert, juste, vrai… Derrière cette amitié pleine de dévotion et de chaleur, sont racontés la ville de Djelfa, son histoire et son patrimoine. C'est la construction d'un espace-temps, une dimension dans laquelle est reconstitué le rapport de Hadj Delloula Bellabès et le Père François de Villaret. Rencontre à Djelfa, un documentaire de 52 minutes, est aussi une histoire du patrimoine matériel dont regorgent la ville de Djelfa et sa région. Car les deux personnages, Hadj Delloula Bellabès et le Père François de Villaret, sont passionnés par son patrimoine culturel. Leur amitié, qui dépasse l'entendement restrictif, les a conduits à vivre une aventure unique en son genre : recherche et recensement des gravures rupestres préhistoriques. A cette quête s'ajoute la mise en valeur du patrimoine aussi bien matériel qu'immatériel des Ouled Naïls. Tout cela est raconté à travers le destin croisé mais complémentaire de Hadj Delloula Bellabès et du Père François de Villaret. Cette aventure patrimoniale et culturelle a abouti à la création d'un musée, à savoir le lieu de torture de Hadj Bellabbès (et des moudjahidine) à Djelfa. Ce musée, ouvert à tous, est l'expression la plus symbolique, celle du rapprochement et de l'acceptation de soi dans l'autre. Rencontre à Djelfa est fait aussi de témoignages spontanés et riches en émotion de personnes de la région ainsi que de l'archéologue Malika Hachid pour les deux personnages atypiques. «Ces témoignages évoquent leur volonté, leur amitié et leur abnégation pour valoriser et promouvoir le patrimoine culturel de cette région dont l'expression vivante reste la création du Musée de la ville de Djelfa qui leur emprunte le dépassement de leurs différences culturelles et religieuses», nous dira le réalisateur. Le film se propose de restituer le cheminement singulier de la rencontre entre El Hadj Bellabes, un militant nationaliste et un missionnaire, le Père Villaret (décédé en 2005), et ce à travers «l'esquisse de la beauté magique de la steppe et de son paradis enfoui au cœur du temps, les gravures rupestres de l'Atlas saharien, l'évocation de la vie pastorale et des archives de leur époque». L'intérêt qu'accordaient les deux hommes à la préhistoire et à l'anthropologie, les a alors poussés à s'investir avec dévotion dans l'exploration des parcs archéologiques à ciel ouvert de la région, sans aucune formation dans le domaine. Leur amour éprouvé pour les peintures et les gravures rupestres a «accouché» d'une amitié solide surpassant tout ce qui «devait» les opposer (religion, culture et histoire).