L'ancien journaliste de la Chaîne II et présentateur de journal télévisé, Abderrazak Larbi Chérif, se lance dans le film documentaire. Il a décidé de se pencher sur les mémoires algériennes. Pour le premier volet de cette série, il réalise un long documentaire sur Kamel Hamadi, l'homme aux deux mille compositions. Comment est née l'idée du documentaire sur Kamel Hamadi ? Honnêtement, l'idée ne m'appartient pas, elle m'a été soumise par Mohamed Berkani, le producteur du documentaire. Elle consiste à retracer la biographie et l'œuvre de certains artistes, hommes et femmes, qui ont enrichi la culture algérienne par leur production dans des domaines divers, notamment la chanson. Sans hésiter, j'ai accepté de participer à ce travail sur la mémoire algérienne. Le nom de kamel Hamadi s'est imposé de lui-même. Tout le monde est d'accord sur le caractère gigantesque de son œuvre. De l'écriture poétique à la création théâtrale, en passant par la composition musicale, Kamel Hamadi a enfanté une production riche, diversifiée et d'une grande qualité. Ce patrimoine national reste malheureusement peu connu. En parler aujourd'hui à travers un film documentaire sérieux ne sera que justice rendue à lui et à la culture. Vous travaillez en équipe, vous vous êtes entouré de plusieurs compétences… Tout à fait. En ce qui me concerne, c'est une chance de faire partie de cette équipe. Travailler aux côtés de Kamel Hamadi, Ben Mohamed et Madjid Bali sur la chanson algérienne est une excellente opportunité pour comprendre et apprendre des choses sur l'histoire du patrimoine artistique algérien. D'abord Kamel Hamadi, même s'il préfère rester en retrait dans la conception du projet, nous aide, à travers ses témoignages, à transcender le temps et les générations d'artistes. Grâce à sa mémoire riche et précise, nous avons abordé l'évolution de la chanson algérienne durant les soixante dernières années. Il y a aussi le poète Ben Mohamed, le père de Vava ynouva. En plus de la direction artistique du documentaire, il a eu la générosité d'écrire et de commenter le texte. Ses archives, sa rigueur, sa plume et son investissement personnel dans le film nous ont été d'un très grand apport. Je n'oublie pas Madjid Bali, cet « enfant » de la radio. Discret mais très efficace, il est notre témoin capital sur le travail de Kamel Hamadi à la radio (chaîne kabyle) et le rôle de ce média dans la diffusion de la chanson et sa promotion. Il y a, enfin, le producteur qui s'est investi dans la découverte de la grande richesse de notre patrimoine culturel. Vous présentez votre film au Xe Festival du film amazigh en mars. Comment avez-vous conçu ce projet ? Si tout se passe comme prévu, ce film sera effectivement présent à la prochaine édition du film amazigh. A travers ce film, nous souhaitons montrer les différentes facettes de notre personnage et, à travers lui, celui de la culture algérienne. Kamel Hamadi est un artiste émérite ayant composé plus de deux mille œuvres. L'écriture en arabe et en kabyle, la composition musicale, la création théâtrale et l'interprétation… Il est unique. Avec lui, on sillonne toute l'Algérie et ses genres musicaux. De l'Hadj M'hamed El Anka à Cheb Mami, en passant par Aït Menguellet et Noura sa complice sur scène et dans la vie. Homme de consensus, il a réuni autour de ses textes et compositions une pléiade d'artistes. Il est le symbole même de l'Algérie généreuse et ouverte. Privé de scolarisation par le colonialisme, il a su se battre pour acquérir le savoir. Fin autodidacte, il nous rappelle à tous que la culture n'est jamais acquise, qu'elle est le fruit d'un effort soutenu et permanent. Avez-vous reçu des aides pour ce projet ? D'après les échos que j'ai eus, les promesses des différents sponsors ne se sont pas encore concrétisées. J'espère qu'elles le seront dans un avenir très proche afin de mener ce travail à terme. Les institutions publiques et même privées, car les entreprises privées doivent aussi s'impliquer dans l'art, doivent soutenir ce genre de projet qui montre toute la richesse et la diversité de la culture algérienne.