Réflexion n Le Festival international de la littérature et du livre de jeunesse paraît être le meilleur espace pour débattre de cette question importante. Mounia Chekouche, enseignante en bibliothéconomie à l'Université d'Alger, a expliqué lors d'un colloque organisé au premier jour de ce festival que «l'acquisition en bibliothèque n'est pas un acte momentané, mais une exigence de professionnalisation (...), car elle repose sur des pratiques empiriques fortement dépendantes du marché des importations du livre et de la personnalité des acquéreurs. Ces derniers sont souvent sans grande qualification en documentation.» «Les bibliothécaires ne participaient presque pas aux acquisitions et n'avaient, de fait, aucun pouvoir de décision sur les choix des livres à acquérir», déplore-t-elle. Elle a, en outre, regretté que «les écoles algériennes soient pauvres, tant par leurs espaces de lecture (bibliothèques scolaires), que leurs équipements et la variété des fonds existants». «Les bibliothécaires et professeurs-documentalistes doivent désormais être formés à la littérature d'enfance et de jeunesse, pour mieux guider leurs élèves dans leurs choix de lecture. Les œuvres de littérature d'enfance et de jeunesse doivent naturellement circuler dans les écoles et collèges», a-t-elle préconisé. Quant à Nassib Akiki, bibliothécaire libanais, il a tenu à préciser, en se basant sur la politique culturelle développée au Liban pour la généralisation des bibliothèques dont le nombre a atteint plus de 150 bibliothèques publiques, que «la lecture et le livre sont deux vecteurs essentiels à l'accès au monde de la connaissance et de la culture. Leur développement est étroitement lié à la politique culturelle des Etats». «Les bibliothèques au Liban sont constamment modernisées, financées et soutenues, tant sur le plan de la gestion que sur la qualité de la prestation», signale-t-elle. Ahmed Kessibi, écrivain et enseignant à l'Institut tunisien supérieur de la documentation, a, pour sa part, fait savoir que «la question de la lecture publique est, selon lui, un problème à la fois crucial et stratégique qui ne concerne pas seulement les intellectuels ou l'élite de la société, mais plusieurs parties, notamment les institutions ministérielles et la société civile». Il a, parallèlement, évoqué les problèmes de mise à niveau, de modernisation et de recyclage du personnel des bibliothèques dont le réseau comprend, selon lui, près de 400 bibliothèques réparties sur l'ensemble du territoire tunisien. Il a, ensuite, déploré le peu d'intérêt accordé à la lecture par les jeunes, citant les résultats d'une étude menée en Tunisie en 2009 qui a révélé qu'un quart des personnes interrogées n'ont jamais lu de livres de leur vie parce qu'elles n'aimaient pas la lecture.