Le rideau est tombé, hier, sur la 4e édition du Festival national de la chanson raï qui se tient depuis samedi à Sidi-Bel-Abbès. Cette ultime soirée a eu une saveur particulière puisqu'elle a vu se produire sur la scène, érigée sur la pelouse du stade des Frères Amarouche, Cheb Mami. Cette soirée a vu également la désignation des trois lauréats au concours du meilleur chanteur raï débutant, organisé dans le cadre de ce Festival. Cette année, comme pour les précédentes éditions, le festival du raï n'a pas dérogé à la règle, drainant au fil des soirées un public de plus en plus nombreux et proposant des plateaux artistiques savamment concoctés mêlant les anciennes figures locales, comme Cheikh Nâam ou Cheikh El Hebri, aux jeunes loups de ce genre musical, qui ont les meilleures ventes d'albums et emballent les foules à chacune de leur apparition. Zahouania, Cheba Djamila Arziwiya, Khallas, Abbès, Houari Dauphin, Kader Japonais, Mazouzi et bien d'autres ont été autant de grosses pointures du raï, qui ont enflammé les gradins du stade, où se sont amassés des milliers de jeunes, moins jeunes et souvent des familles entières, venus tous suivre les prestations de leurs idoles préférées. Incontestablement, le Festival a tiré la cité bel-abbésienne de sa torpeur pour lui proposer des soirées très «hot», hautes en couleur, en tempos, en airs et en musique. Bravant la chaleur estivale, le public a veillé jusqu'à une heure tardive de la nuit, dansant aux rythmes endiablés des chanteurs et reprenant en chœur des refrains en vogue. C'est connu, le raï est une musique qui s'adresse plutôt au corps qu'à l'esprit. Le jeune public avait montré, une fois de plus, qu'il était là beaucoup plus pour faire la fête, s'éclater et vivre pleinement ces moments où leurs artistes préférés leur parlent de leurs problèmes, de leurs mille et une misères et de leurs frustrations. Cette 4e édition a été également marquée par l'hommage appuyé rendu au défunt chanteur, Djilali Rezkallah, plus connu sous le nom artistique de Djilali Amarnas, la superbe voix du groupe Raïna raï, décédé en novembre dernier, des suites d'une longue maladie et dans le dénuement le plus total. Djilali Amarnas, artiste très remuant, jovial, facétieux et dynamique, a été l'un des éléments centraux du groupe de musique Raïna raï au début des années 1980 aux côtés du guitariste Lotfi Attar et du batteur Hachemi. Le chanteur disparu est entré dans la postérité avec Ya Zina, l'un des plus grands succès du raï de ces trois décennies. Le organisateurs du festival ont, par ailleurs, programmé une journée d'étude sur la chanson Raï, animée, entre autres, par des journalistes et écrivains, qui ont souligné la dimension populaire et fédératrice de ce genre musical ainsi que son contenu subversif, bousculant tous les tabous et tous les conformismes.