Résumé de la 99e partie n Manuelo est pris en charge par un cousin qui lui apprend la tauromachie, mais le jeune garçon, qui ne reçoit pas de rémunération, doit travailler pour aider sa mère. Un parent, qui est carrier, l'embauche. C'est peu payé et le travail est très pénible : toute la journée, il doit traîner de grosses pierres ou les casser. Il ne dispose que d'une heure, à midi, pour se reposer et manger un morceau. Le repas, fourni par l'employeur, consiste en un morceau de pain et un hareng. Il est si épuisé, en fin de journée, qu'il dort debout. Sa mère a pitié de lui. — Mon pauvre garçon, tu t'épuises… Il faudra choisir entre la tauromachie et le travail ! Le jeune garçon répond : — Je ferai le tour ! Mais un jour, il finit par dire : — Je ne tiendrai pas longtemps ! — Et que feras-tu donc ? demande la pauvre femme. — Torero ! répond sans hésiter Manolete. — Torero ! Ton pauvre père l'était, mais cela ne l'a pas empêché de vivre et de mourir dans la misère ! — Moi, je réussirai ! dit le garçonnet. — Toi ? Qu'as-tu donc de spécial pour réussir là où ton pauvre père, avec toute sa force, a échoué ! — La corrida n'est pas une question de force… Et il ajoute : — Moi, je te le dis, je réussirai ! De l'orgueil ou de la confiance en soi ? Cela paraissait un peu démesuré pour un gamin aussi chétif, mais quand il parle de tauromachie, le petit Manuel a les yeux qui brillent. Quoi qu'il en soit, il ne sera pas carrier ! Les mois passent, tout en travaillant, il continue à officier comme novillero. Bientôt, il acquiert une telle dextérité qu'on commence à parler de lui, de sa fine lame… Mais son nom n'apparaît pas encore dans les affiches. 1937 : Manolete a tout juste vingt ans et il semble promis à un bel avenir. C'est alors qu'éclate la guerre civile. Les jeunes gens sont aussitôt mobilisés et la mère de Manolete espère que son fils, trop faible et trop maigre, ne sera pas incorporé. Mais le jeune homme est pris et, à la place de l'habit de lumière des toreros, il revêt celui de l'armée. Cependant, dès qu'il le peut, ou plutôt quand il n'est pas sur un champ de bataille, il se rend dans les arènes et assiste aux corridas. La guerre prend fin en 1939 et Manolete peut retourner à sa passion. Il se produit et, tout de suite, il charme le public. Ce garçon très maigre et aux yeux tristes a beaucoup de classe. Ses feintes, ses gestes lents et précieux soulèvent des murmures d'admiration. «Magnifique !» Oui, c'est magnifique… Voilà longtemps qu'on n'a vu toréer de la sorte. Le 2 juillet 1939, il reçoit l'alternative, c'est-à-dire qu'il est confirmé comme torero. Le 12 octobre de la même année, c'est au tour de Madrid de lui décerner le même titre. «Ton nom est sur toutes les lèvres», lui dit Camora, le cousin qui l'a encouragé à se lancer dans la tauromachie et qui le guide maintenant. (A suivre...)