Faux passeports, chaos à l'aéroport de Tunis, changement au dernier moment : Ali Seriati, l'ex-chef de la sécurité de Ben Ali, a livré hier devant la justice sa version du 14 janvier 2011, date de la fuite du président tunisien après des semaines de soulèvement populaire. «Vers 13h 00, le Président m'a demandé de préparer son avion.» Le chef de la sécurité présidentielle s'exécute. Quelques heures auparavant, Ben Ali lui demande de préparer les passeports rouges diplomatiques pour sa famille restreinte. Au moins l'un d'entre eux est un faux, selon l'accusation. Ben Ali n'avait pas l'intention de partir, il voulait rester en Tunisie pour «assurer la sécurité» du pays, affirme Seriati, qui a fait embarquer le couple et deux de leurs enfants, notamment. Ben Ali s'est laissé «attendrir» par ses enfants, notamment le petit Mohamed, âgé de six ans, et qu'il a embarqué dans l'avion. L'appareil présidentiel décolle en fin d'après-midi de l'aéroport militaire de l'Aouina et atterrit quelques heures plus tard en Arabie saoudite. Pourquoi l'avion est-il parti de l'aéroport militaire ? «Je voulais les faire partir de l'aéroport de Tunis-Carthage. J'ai appelé le plus haut gradé de l'aéroport et ce n'était pas sa voix», reprend Seriati, qui dit alors avoir compris que l'aéroport civil avait changé de main. En outre, Marouane Mabrouk, un autre gendre de Ben Ali, l'appelle pour l'informer que sa femme et d'autres membres du clan ont été arrêtés par des «unités antiterroristes» à l'aéroport civil.