Satisfaction - Avec ces élections post-Moubarak, les militaires, fortement contestés, craignaient une flambée de violence. Le maréchal Tantaoui est «ravi de constater la participation massive de l'ensemble des citoyens, notamment les femmes et les jeunes», a affirmé Ismaïl Etmane, membre du Conseil suprême des forces armées (Csfa). Il a estimé que le taux de participation pourrait atteindre les 70%. Conspué lors des récents rassemblements massifs de citoyens à travers le pays réclamant un transfert rapide du pouvoir à une autorité civile, le maréchal Tantaoui a exprimé sa satisfaction quant au déroulement du vote. Ces manifestations avaient été émaillées de violences ayant fait 42 morts et plus de 3 000 blessés. Cette première phase des législatives, qui s'est ouverte lundi, concerne le tiers des gouvernorats du pays le plus peuplé du monde arabe (80 millions d'habitants), dont la capitale, Le Caire, et la deuxième ville d'Egypte, Alexandrie. Le scrutin se poursuivra dans les autres régions jusqu'au 11 janvier pour l'Assemblée du peuple (députés) et jusqu'au 11 mars pour la Choura (Chambre haute consultative). Les bureaux de vote dans les neuf gouvernorats concernés par le scrutin, soit un tiers du pays, ont commencé à fermer leurs portes hier à 17h00 GMT, mais la Haute commission électorale (HCE) a annoncé que les bureaux resteraient ouverts au-delà de cette heure pour permettre aux électeurs s'y trouvant encore de voter. Les premiers résultats partiels doivent être annoncés à partir de ce mercredi. D'après des chiffres de l'Agence centrale des statistiques (Capmas), 50 millions d'Egyptiens sont appelés à voter pour l'ensemble du scrutin. Quelque 17,5 millions d'électeurs potentiels étaient appelés à participer à la première phase pour élire 168 des 498 députés. Les analystes estiment que les Frères musulmans et le PLJ devraient sortir de ce scrutin comme la principale force politique du pays, suivant l'exemple de la Tunisie et du Maroc où les islamistes viennent de remporter les élections. Face aux Frères musulmans, se présentent des dizaines de partis salafistes (fondamentalistes musulmans), libéraux ou de gauche, le plus souvent récents et encore mal implantés. De nombreux élus de l'ancien parti de M. Moubarak, aujourd'hui interdit, tentent également leur chance comme indépendants ou sous des bannières politiques nouvelles. Ces élections doivent être suivies avant la fin juin 2012 de la présidentielle, après laquelle le pouvoir militaire a promis de rendre le pouvoir aux civils. Les Frères musulmans en tête L'influent mouvement des Frères musulmans arrive en tête au premier tour des législatives historiques clôturées hier, selon des premières estimations rapportées ce mercredi par la presse. «Les islamistes et les libéraux en tête, recul des anciens partis», titrait le quotidien gouvernemental Al Ahram. La façade politique des Frères musulmans, «le Parti de la liberté et de la justice (PLJ) et le parti salafiste Al Nour (fondamentaliste musulman) viennent en tête dans six gouvernorats», des neuf concernés dans le premier tour devançant le Bloc Egyptien, une coalition de partis laïques, selon le journal. «Dans plusieurs circonscriptions, notamment dans les zones rurales, les islamistes semblent arriver en tête, alors que leurs chances s'amenuisent dans les grandes villes», écrit le journal. «Les premiers signes montrent que le PLJ est crédité de 47% des voix tandis que le Bloc Egyptien remporterait 22%», d'après Al Chourouq (indépendant). Selon Al Masri al Yom (indépendant), les premières estimations montrent également le PLJ en tête, tandis que les salafistes et les libéraux se disputent la deuxième place.