Formation - Le chef du gouvernement tunisien Hamadi Jebali a présenté hier soir au président de la République la liste de son équipe. Le président tunisien Moncef Marzouki soumettra cette liste à l'Assemblée constituante qui se réunira demain jeudi en vue de son approbation, a précisé M. Jebali dans une déclaration diffusée à la télévision nationale. La composition du gouvernement n'a pas été encore officiellement révélée mais des sources politiques et la presse nationale affirment que les ministères clés seront dominés par le parti islamiste Ennahda. Le chef du gouvernement avait été contraint lundi de reporter la présentation de son équipe au président tunisien en raison du retard de l'un des partis de sa coalition. «C'est le premier gouvernement légitime et populaire après la révolution et après les élections, j'espère qu'il sera cautionné par l'Assemblée constituante et qu'il gagnera le consentement du peuple», a déclaré M. Jebali à l'issue de son entretien avec le président tunisien. «Nous ferons tout pour répondre aux attentes de notre peuple et de notre Jeunesse», a-t-il promis. Vainqueur aux premières élections libres et transparentes le 23 octobre en Tunisie, Ennahda (premier parti avec 89 députés), devrait occuper les ministères régaliens comme l'Intérieur, les Affaires étrangères et la Justice. En effet, Ali Larayedh, ancien prisonnier politique et membre du bureau exécutif d'Ennahda, est cité pour l'Intérieur, Nourredine Bhiri, actuel porte-parole du parti, pour la Justice, et Rafik Ben Abdessalem, gendre du dirigeant d'Ennahda Rached Ghannouchi, pour les Affaires étrangères. Le CPR, deuxième formation politique avec 29 élus, dirigée par M. Marzouki jusqu'à son élection à la présidence la semaine dernière, obtiendrait les ministères des Domaines de l'Etat (Agriculture), de la Femme, de l'Education ainsi que les postes de secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères et de ministre d'Etat auprès du Premier ministre chargé de la Réforme administrative. Les avocats et militants de droits de l'homme Samir Ben Amor et Mohamed Abbou figurent dans la liste proposée par le CPR, selon ce parti. L'autre allié d'Ennahda, le parti de gauche Ettakatol, dont le chef Mustapha Ben Jaafar a été élu président de l'Assemblée constituante, a revendiqué huit portefeuilles. La formation de ce gouvernement avait fait l'objet de tractations serrées depuis des semaines entre les trois partis majoritaires dans l'Assemblée constituante élue en octobre: Ennahda et ses partenaires de gauche le Congrès pour la République (CPR) et Ettakatol. Un an après le début de la révolution qui chassa le président Zine El Abidine Ben Ali, la Tunisie, en proie à une grave crise économique et sociale, n'a pas de véritable gouvernement depuis les élections législatives du 23 octobre.