Bureaucratie - Comme si la misère des habitants des bidonvilles d'Aïn Naâdja n'était pas largement suffisante, voilà que des sous-fifres véreux s'y mettent pour leur compliquer la vie. Les responsables du bureau de poste de Parmentier à Aïn Naâdja n'en finissent pas d'innover, dans le sens négatif s'entend. Après le courrier qui est très mal distribué et dont nous avons rapporté les péripéties d'une très mauvaise distribution dans l'une de nos précédentes éditions, voilà que ces responsables, qui mènent le bal à leur guise, innovent encore une fois pour compliquer beaucoup plus la vie aux usagers de ce bureau de poste, particulièrement les résidants des bidonvilles de la localité. Il s'agit au juste de l'ouverture d'un compte courant postale. C'est une citoyenne, étudiante de son état, qui s'est vu refuser son dossier, pourtant complet, pour l'ouverture d'un compte courant postale (CCP). «J'ai formulé une demande d'ouverture d'un compte courant postal, demande pourtant accompagnée de tous les documents. La guichetière m'a signifié que malgré que le dossier soit complet, je n'ai pas droit à un compte CCP, parce que j'habite dans un bidonville. Pour mon malheur, même le receveur s'est aligné sur la position de son agent lorsque j'ai voulu revendiquer un droit», dit-elle désabusée. Pourtant, le certificat de résidence qui accompagne ce dossier avons-nous vérifié porte le sceau de la République. Il est délivré par les services de la municipalité et signé par le délégué communal. Pour prétendre percevoir sa bourse, cette jeune étudiante est poussée volontairement vers une infraction que punit le code pénal : elle doit user du faux et usage de faux en se faisant établir un certificat de résidence par une tierce personne qui a ce «privilège» d'habiter dans un appartement. Notre passage au niveau de ce bureau de poste, coïncide avec un autre cas d'une autre jeune fille qui s'est fait notifier verbalement un rejet de son dossier pour la même raison. Celle-ci, dans le but de percevoir ses indemnités journalières des services de la CNAS, est obligée d'ouvrir un compte postal au niveau du bureau de poste de son quartier. Le receveur de ce bureau, à qui nous nous sommes présentés comme étant les parents de cette jeune demoiselle, nous confirme qu'elle ne peut obtenir un compte CCP, «du moment qu'elle habite dans un bidonville». Ce dernier, fort d'une «règlementation» qui n'existe que dans sa tête, s'est montré intransigeant. «Je ne tiens pas compte du certificat de résidence, même portant le sceau de la République, puisque n'importe quel citoyen peut se faire délivrer un tel document. C'est au facteur de certifier la résidence du demandeur. Puisque ce quartier est dépourvu de facteur, je n'y peux rien», nous dit-il. En ce qui concerne la solution à ce problème, le receveur dit que ce n'est pas son affaire. «Ce n'est pas à moi de gérer les problèmes des citoyens», répond celui qui est censé faire application des lois. Pour plus de précisions, nous avons vérifié l'authenticité du certificat de résidence de la plaignante au niveau de l'annexe de l'APC qui a délivré ce document. «Ce certificat est conforme. Il a été établi sur la base d'une quittance de la Sonelgaz. Je peux vous assurer que c'est nouveau ce procédé du bureau de poste de la localité, puisque la majorité des personnes qui habitent dans ce bidonville, détiennent un compte ouvert au niveau de cette même agence postale», nous dit le préposé qui a signé ce document. Il ajoute que toutes les personnes à qui ce document est délivré «sont recensées, inscrites sur les registres de la commune dont un exemplaire se trouve au niveau des services de la wilaya délégué et de la wilaya d'Alger».