Le projet - Après Ali Haddad à l'USMA, voici le tour du MCA de vivre un grand événement avec le projet de reprise du club par l'homme d'affaires franco-algérien, Eddir Loungar. L'affaire est en tout cas bien engagée. C'est ce qui ressort d'ailleurs de la très attendue réunion, qui a eu lieu samedi à l'hôtel Hilton d'Alger entre Eddir Loungar et les membres du conseil d'administration de la société par actions Le Doyen. Au bout de quelques minutes de discussions et de la présentation de l'offre de Loungar, les deux parties se sont vite mises d'accord sur un protocole qui permettrait au nouvel investisseur de s'engager à reprendre la société qui gère la section football du Mouloudia. S'exprimant sur plusieurs organes de presse, Loungar a affirmé que tous les membres ont voté pour son projet de reprise, sauf trois au départ, puis un, en l'occurrence Sadek Amrous, l'ex-président du CSA-MCA. Ce dernier s'est vu refuser qu'on prenne en charge les dettes du CSA/MCA, chose qui l'a amené à voter contre le projet de Loungar. Mais pour revenir au projet en question, le premier engagement de Loungar c'est celui de payer les dettes éligibles du club, à hauteur de 12,5 milliards de centimes, mais pas d'autres. Chose qui a créé un certain malaise, notamment chez certains dirigeants, dont Omar Ghrib, qui ont emprunté beaucoup d'argent pour subvenir aux besoins de l'équipe, mais qu'ils doivent justifier par des pièces comptables s'ils veulent rembourser à leur tour leurs créanciers. Ensuite, Loungar mettra la somme de 30 milliards de centimes, mais sur une période qui peut aller d'un jour à cinq ans, grâce à un montage financier dont il donnera les contours prochainement. En fait, Loungar n'a pas donné trop de précisions sur cette question qui, aujourd'hui, divise plusieurs dirigeants, surtout lorsque le patron du Holding L&M a dit : «Je peux investir cette somme en un jour, une semaine, un mois ou en cinq années !» Toutes ces décisions devraient faire l'objet d'un protocole d'accord qui aurait pu être paraphé samedi, mais les membres du conseil d'administration ont préféré ajourner cela jusqu'à la semaine prochaine, afin de compléter certaines pièces manquantes au bilan financier de l'exercice 2011, mais aussi de présenter à Loungar un état des dépenses de l'exercice 2012 et un budget prévisionnel pour la prochaine saison. Sur les ondes de la Chaîne III, Loungar n'a pas caché son appréhension pour n'avoir rien signé avec les dirigeants mouloudéens. Cette appréhension est d'autant plus palpable lorsque des membres se sont rendu compte que cinq ou six milliards par an, ne pèsent rien comme investissement, alors qu'un sponsor comme Djezzy peut offrir le double. De plus, aucune précision n'est donnée sur la destination des 30 milliards de Loungar, est-ce pour recapitaliser la société qui est aujourd'hui en faillite ou bien comme budget de fonctionnement du club ? Il n'est donc pas à écarter, et connaissant bien les Mouloudéens, que la proposition de Loungar soit de nouveau débattue par les dirigeants et actionnaires du club qui devraient se réunir cette semaine. L'accueil Les avis divergent ! Au sortir de la réunion de samedi, les avis ont commencé à diverger entre plusieurs dirigeants, entre ceux qui se disent satisfaits et d'autres qui doutent que leur démarche soit interprétée comme étant un bradage du club, surtout après ce qu'il a vécu en 2011 avec le fameux protocole signé avec Sonatrach qui n'a pas connu un épilogue heureux et en 2008 avec la remise du sigle dans une sorte de simulacre dégradant pour le Doyen. Les supporters du MCA, qui ont accueilli chaleureusement samedi Loungar au stade Omar Hamadi avec remise de cadeaux de la part du comité qui les chapeaute, ne pardonneront pas à leurs dirigeants de faire capoter le projet avec cet investisseur qui affiche ses ambitions et qui veut redonner un standing au doyen des clubs algériens. Le flou persiste avant la grande éclaircie. Le document Le PV de tous les rattrapages Avec du recul et une fois l'euphorie de l'événement passée, le débat est relancé de plus belle au sein du Mouloudia d'Alger au sujet de la proposition faite par Eddir Loungar pour reprendre les rênes du club. En effet, la somme de 30 milliards de centimes étalée sur cinq ans n'a pas été appréciée, voire pas comprise, par l'opinion mouloudéenne et même par certains dirigeants qui veulent rattraper ce qu'ils ont raté samedi lors de la réunion avec Loungar. Sous le sceau de l'anonymat, des langues se sont déliées pour dire que «les actionnaires n'ont donné qu'un accord de principe, mais la partie n'est pas encore terminée». Puis de rajouter : «Le procès-verbal de la réunion est en train d'être rédigé par l'avocat du club et tout sera transcrit et précisé dedans, afin d'éviter toute mauvaise interprétation au sujet de ce projet d'importance, mais aussi sensible pour la vie du club.» Notre source nous a précisé que les dirigeants feront tout pour que dans le PV et dans le projet de protocole qu'ils proposeront à Loungar, les intérêts du MCA soient protégés et que l'histoire ne les jugera pas demain pour avoir bradé le club. En fait, les Mouloudéens mettront noir sur blanc tous les engagements de Loungar, allant de la somme avancée dont la destination doit être précisée (fonctionnement, capitalisation ou investissement) jusqu'au projet du centre de formation qu'il veut construire, en passant par le budget de fonctionnement pour les saisons à venir et les aspects techniques et organisationnels. Notre interlocuteur nous dira également que «Loungar est sur un nuage, mais il ne sait pas que rien n'est encore engagé», même si ce dernier a avoué sur les ondes de la Radio nationale que tant qu'il n'a rien signé, il demeure prudent. L'aveu Les dirigeants ont eu peur des supporters La pression mise par les supporters et les médias sur l'affaire Loungar a apparemment fait fléchir les dirigeants du Mouloudia d'Alger. Pris dans leur propre piège, avec, d'une part, une crise financière aiguë et l'exigence d'ouvrir les portes du club à tout investisseur potentiel, les actionnaires de la SSA/Le Doyen ont accepté l'offre d'Eddir Loungar, non sans certaines appréhensions, comme cette histoire de 30 milliards de centimes et les rumeurs de bradage du MCA. Un dirigeant nous a même affirmé que le président du conseil d'administration, Bouharoua, voudrait bien se débarrasser et le plus tôt possible du fardeau qu'il a sur le dos, mais aussi de peur pour sa personne, car si l'affaire venait à capoter il risque d'être sérieusement malmené dans son quartier de Bab El-Oued par certains supporters. L'un des dirigeants a également justifié la présence de la caméra de nos confrères du site mouloudia.org du fait de donner de la transparence et d'apaiser les esprits chez les supporters qui ne cessent de faire pression, poussés par des personnes qui restent derrière ; car ces mêmes personnes, nous dit-on, ont intérêt à ce que Loungar prenne le Mouloudia, ce qui leur rouvrirait de nouveau les portes du club et des … affaires ! D'autres dirigeants ont même peur à ce que Bouharoua signe un document en cachette avec Loungar, sans passer par le conseil d'administration, d'où cette ambiance lourde et suspicieuse qui s'est installée au sein du conseil. Un conseil dont un membre, Abdelouahab Zenir, dont on dit qu'il est l'éventuel futur manager du club, s'est dit étonné de faire partie, car il n'a jamais payé sa quote-part d'actions ! Certains sont même allés à parler des dettes du stade du 5-Juillet que Loungar veut à tout prix payer, car il a un projet à soumettre au directeur de l'OCO au sujet de l'utilisation de la coupole et bien d'autres non-dits qui n'ont pas étalés sur la presse. Certains se demandent où étaient les experts de Loungar ? Quant à la rencontre avec le patron de Djezzy, celle-ci ne pouvait avoir lieu car celui-ci est assigné à résidence et que plusieurs de ses cadres ont quitté le pays jeudi dernier. De même que pour la rencontre avec les frères Haddad qui n'a pas eu lieu, nous dit-on, alors Loungar ne cessait de le clamer sur la presse. Les «menaces» et les déclarations jugées arrogantes, après coup, de Loungar lors de la réunion n'ont pas été appréciées par certains dirigeants qui veulent revoir certaines choses. L'énigme Une reconnaissance de dette de 7 milliards pour Omar Ghrib ?! Le coordinateur de la section football du MCA, Omar Ghrib, s'est «réjoui» de l'engagement d'Eddir Loungar. Il n'a, d'ailleurs, pas hésité à déclarer à la fin de la réunion qui a regroupé les deux parties : "Voilà, les membres du CA ont voté pour le projet de Loungar et vous voyez bien que je suis présent. Je pense que les choses vont dans le bon sens et que tout sera réglé prochainement. Je suis satisfait car la réunion s'est passée dans de bonnes conditions et les membres du conseil ont voté pour le projet.» Mais la question qui taraude les esprits des Mouloudéens, est : y avait-il un deal entre Omar Ghrib et les dirigeants du Doyen ? Selon des informations, Ghrib s'est fait signer une reconnaissance de dette chez le notaire de 7 milliards de centimes par Bouharaoua. Cette somme fait-elle déjà partie des dettes du club ? Cette somme sera-t-elle justifiée ?