Warda, qui n'a cessé tout au long de sa vie de chanter l'amour de son pays, ne le quittera désormais plus. Elle y reposera, conformément à ses dernières volontés, à partir de cet après-midi une fois sa dépouille inhumée au cimetière d'El-Alia. La cantatrice est partie mais ses chefs-d'œuvre l'immortaliseront dans le cœur de tous les mélomanes, Algériens et Arabes. La dépouille de la défunte qui est exposée aujourd'hui au Palais de la culture pour un dernier hommage, sera inhumée cet après-midi au cimetière d'El-Alia. Warda a été rapatriée, hier, à Alger par un avion spécial affrété sur décision du président de la République. La nouvelle de sa disparition est tombée comme un couperet. Warda, qui déclama son amour pour l'Algérie à travers des chansons patriotiques, mieux que tout un répertoire. Talentueuse et hors norme, Warda El Djazaïria a un riche parcours artistique. Sa carrière musicale est également marquée par des chansons patriotiques algériennes. Elle était connue pour son engagement politique en faveur de l'indépendance de sa patrie. La grande Diva a mené de fait une carrière artistique exceptionnelle qui la propulsa au faîte de la chanson arabe. Elle est considérée comme «une grosse pointure irremplaçable.» «Warda a été rappelée à Dieu alors qu'elle s'apprêtait à célébrer aux côtés de ses concitoyens et concitoyennes le cinquantenaire de l'indépendance et à y apporter sa contribution par ses créations sublimes, comme elle a eu à le faire durant la guerre de Libération par son aide au FLN et aux représentations du gouvernement provisoire, notamment au Liban» a notamment écrit le président de la République M. Abdelaziz Bouteflika dans un message de condoléances à la famille de la défunte. Il ajoute que «la défunte a consacré toute son existence à son art, cet art qu'elle aura entièrement dédié à sa patrie. Elle chantera son pays à travers le monde et fera entendre la voix de sa patrie dans toutes les arènes de l'art, un don de soi qui scellera sa grandeur d'âme.» " Warda est décédée en Egypte loin de sa patrie. Elle a certes passé sa vie au Caire où elle a gravi les marches de la gloire et côtoyé de grands artistes, mais elle sera inhumée dans son pays, celui auquel elle aura voué un amour sacré avant de rejoindre l'Eternel», ajoute le chef de l'Etat. Pour sa part, la ministre de la Culture, Khalida Toumi, a déclaré dans un message de condoléances, que «l'une des plus belles voix d'Algérie et du monde arabe vient de se taire à jamais», ajoutant que «Warda El Djazaïria nous a quittés ce jour en laissant derrière elle un silence assourdissant et une profonde tristesse.» - Née à Paris en 1939, de père algérien, Mohammed Ftouki, originaire de Souk-Ahras, et d'une mère libanaise, elle commence à chanter en 1951, à l'âge de onze ans, au Tam-Tam, un établissement du Quartier latin de Paris appartenant à son père. A la suite du déclenchement de la Guerre d'indépendance, sous la tutelle de son père, de son frère Messaoud et de sa sœur Nadia, elle se fait rapidement connaître pour ses chansons patriotiques en donnant des concerts à travers le monde arabe. Elle fait don des recettes au FLN. En 1958, suite à son militantisme, elle est obligée de quitter la France pour Rabat et ensuite Beyrouth. Après l'Indépendance, elle retourne au pays et se marie en 1962. Son époux lui interdit alors de chanter. En 1972, le président Houari Boumediene lui demande de chanter pour commémorer l'Indépendance de l'Algérie, ce qu'elle fait accompagnée d'un orchestre égyptien. Suite à cela, son mari demande le divorce. C'est ainsi qu'elle décide de consacrer sa vie à la musique. Elle part vivre en Egypte, où elle retrouve le compositeur Baligh Hamdi avec qui elle se remarie. En Egypte, elle connaît un grand succès en travaillant avec les plus grands compositeurs arabes, comme Mohammed Abdel Wahab, Ryadh Soumbati, Hilmi Bakr et Sayed Mekawi. Elle tient aussi quelques grands rôles dans des films égyptiens. Warda vient d'enregistrer un clip pour le compte d'un opérateur de téléphonie mobile célébrant le Cinquantenaire de l'Indépendance. Le clip la met en scène avec les habitants de la petite localité de Sidi Ghilès, près de Cherchell (Tipaza), reprenant en chœur les paroles patriotiques de Mazal waqfine, la chanson du spot.