Alors que tout le monde s'attendait à un spectacle exceptionnel de Warda El Djazaïria à l'occasion du cinquantenaire de l'indépendance de l'Algérie, la nouvelle de son décès est tombée tel un couperet. Après son passage dans le clip Mazal Waqfine, diffusé à l'occasion du dernier scrutin, on a tous relevé ce nouveau souffle de jeunesse de la princesse de la chanson arabe. «Emiret Ettarab El Arabi» que même les Egyptiens classaient juste derrière l'inégalable «Kawkab Echerq», Oum Kalthoum, aux côtés de Nagat Essaghira. Ce nouveau souffle de jeunesse et cette belle voix sont revenus comme par enchantement pour que Warda puisse exprimer une nouvelle fois son amour pour la patrie, sa patrie, l'Algérie. Cette Algérie qu'elle a chantée avant l'Indépendance et après. Pour cette Algérie et pour cet art, Warda a sacrifié une bonne partie de sa vie familiale et a consacré les plus belles de ses chansons. Issue d'une famille d'artistes, Warda El Djazaïria ne pouvait que suivre la voie artistique. D'ailleurs, même après dix ans de mariage avec un officier issu d'une famille noble de Tlemcen, mariage qui la poussera à quitter pendant dix ans la vie artistique, elle y reviendra en saisissant l'invitation du président Houari Boumediène à donner un spectacle à l'occasion du dixième anniversaire de l'Indépendance. Oui, le retour sur scène de Warda est définitif et même, au moment où on croyait qu'elle allait prendre sa retraite, elle revenait avec un nouveau look et un nouveau style. Il faut dire que Warda, malgré sa célébrité et sa place privilégiée au podium de la chanson arabe, est restée simple. Lorsqu'un jour, un journaliste lui déclarait ce qu'elle ressentait en tant qu'héritière d'Oum Kalthoum, elle avait répondu que «même si je pouvais l'égaler au niveau artistique et la voix, je ne pourrai jamais avoir son niveau culturel !». Un autre jour, alors qu'elle chantait à Alger, à un des spectateurs qui lui lançait «Aïdi !» (répète), elle l'a gentiment remis à sa place en le corrigeant : «Qoul âawdi (tu n'es pas Egyptien, voulait-elle lui rappeler). Quand elle venait à Alger, elle reprenait ses habitudes. Après avoir vu son frère Messaoud qui tenait le restaurant Le Bardo à Alger, elle rendait visite à sa famille et à ses amies. On la voyait se balader avec ses deux enfants et même aller au hammam d'El Biar. Suite à son décès, des réactions émanant de personnalités artistiques et politiques ont fusé de partout. Les ministres égyptien de la Culture ainsi que notre minitre ont tenu à présenter leurs condoléances au moment où le président Bouteflika ordonnait la réquisition d'un avion spécial pour le rapatriement de la dépouille de la grande dame de la chanson arabe. Cette dépouille a été transportée en présence des enfants de la chanteuse et de l'ambassadeur d'Algérie au Caire. Elle continuera de vivre dans le cœur de ceux qui l'ont aimée La chanteuse Warda, morte jeudi dernier au Caire à l'âge de 72 ans, suite à une attaque cardiaque, restera dans l'histoire de la chanson arabe et mondiale. Sa dépouille, transférée, hier, vers Alger, dans un avion spécial sur décision du président Abdelaziz Bouteflika, sera exposée ce matin au palais de la Culture afin que tous ceux qui l'ont aimée et appréciée puissent lui rendre un dernier hommage. La défunte sera inhumée dans l'après-midi après la prière du Dohr au cimetière d'El Alia à Alger. La chanteuse se préparait pour offrir un très beau clip aux Algériens et aux Arabes à l'occasion du cinquantenaire de l'Indépendance. Le destin en a voulu autrement. Warda El Djazaïria est partie mais elle continuera à vivre dans le cœur de ceux qui ont aimé ses chansons et ceux qui l'ont aimée.