InfoSoir : Quels sont les médicaments en rupture de stock pour les cancéreux ? Et depuis quand ? El-Amel : Les produits nécessaires à la prise en charge des séances de la chimiothérapie sont indisponibles et c'est ce qui complique la situation des 9 000 malades affiliés à l'association. C'est une cure de 48 h qui demeure introuvable, ce qui pousse de nombreux malades à la ramener de l'étranger. Cette pénurie ne date pas d'aujourd'hui puisqu'elle dure depuis plus de six mois. Les services d'oncologie des différents CHU ne peuvent actuellement répondre aux besoins des malades à cause de la rupture à titre illustratif de l'Herceptil indispensable pour la chimiothérapie. Quelles sont les conséquences d'un tel manque sur la santé des cancéreux ? La première conséquence est le report à une date ultérieure du rendez-vous du malade ce qui provoque inéluctablement la dégradation de sa santé. Je vous donne l'exemple de l'hôpital d'Oran qui reçoit des malades venant de toutes les wilayas de l'ouest du pays. Une fois sur place, ces derniers n'ont d'autre choix que de prendre leur mal en patience et d'attendre le prochain rendez-vous notifié par leur médecin traitant faute d'Herceptil et autre. Mais, comment font-ils sans ces médicaments indispensables à leur survie ? Ceux qui ont les moyens n'hésitent pas à aller chercher l'alternative ailleurs. Pour les autres, qui sont beaucoup plus nombreux, la situation est inédite de par sa gravité. Je vous parle des malades affiliés à notre association qui a enregistré en une seule semaine, cinq cas de métastase, soit le stade final de la maladie. Qu'en est-il des médecins. Comment gèrent-ils cette situation et y a-t-il des traitements de substitution ? Les médecins sont impuissants face à cette situation. Ils ne peuvent répondre aux doléances des malades en l'absence de certains produits. Par le passé, la solidarité interinfrastructure hospitalière était très présente ce qui n'est plus le cas aujourd'hui. Les hôpitaux qui arrivent à se procurer ces traitements qui se font de plus en plus rares, les réservent d'abord et avant tout à leurs propres patients. Et puis un médecin qui ne dispose que d'une dizaine de cures ne peut traiter que dix patients. Une cure ne peut en aucun cas être divisée car cela ne fera qu'aggraver le cas du malade traité. C'est une situation difficile. Où résident le problème et la solution à votre avis ? Ce sont les responsables du secteur de la santé qui peuvent répondre à cette question. Tout ce que nous pouvons faire à notre niveau, c'est de nous mobiliser davantage et bénévolement pour accompagner et assister les cancéreux, de l'accueil à la prise en charge. * Présidente de l'association El Amel d'Oran, pour les cancéreux