C'est une situation pénible et insoutenable que vivent les malades cancéreux depuis quelques mois. Depuis plus de six mois, ils n'ont pas accès à la chimiothérapie au niveau du Centre Pierre-et-Marie (CPMC) d'Alger, à cause de la rupture de médicaments et notamment de l'Herceptin. Chaque jour, des centaines de malades affluent au CPMC pour une séance de chimiothérapie et doivent rebrousser chemin, du fait de la non-disponibilité de la chimiothérapie, dénoncent les associations d'aide aux personnes cancéreuses, en l'occurrence Nour Doha et El Amel qui lancent un véritable cri d'alarme estimant que la situation des malades a atteint son paroxysme. «L'état d'abandon dans lequel se trouvent les cancéreux est dramatique», enchaîne Mme Samia Gasmi, présidente de Nour Doha, que nous avons contactée hier : «Faute de traitement, des cancéreux meurent», déplore Mme Gasmi. «C'en est trop, les malades ne peuvent plus supporter ce calvaire qui n'a que trop duré.»Depuis plusieurs mois, la prise en charge des malades atteints de cancer est on ne peut plus défaillante. Ces malades chroniques vivent un calvaire au quotidien à cause de la pénurie de médicaments et de la non-disponibilité des traitements au niveau des hôpitaux du pays. Les cancéreux sont privés de chimiothérapie, ce qui hypothèque sérieusement leurs chances de guérison. «Il n'y a pas que la chimiothérapie qui fait défaut, le problème de la radiothérapie se pose lui aussi cruellement», estime Mme Samia Gasmi. «Sans chimiothérapie ni radiothérapie, les cancéreux, livrés à eux-mêmes, attendent dans le couloir de la mort», regrette notre interlocutrice. Outre le problème de la chimiothérapie qui perdure, la radiothérapie se pose aussi avec acuité pour tous les malades. Ce soin indispensable préconisé six semaines après une cure de chimiothérapie, notamment pour le cancer du sein, n'est pas disponible. Les équipements de radiothérapie sont en panne au niveau des cinq centres anti-cancéreux du pays, y compris celui du CPMC d'Alger, le centre national de référence anticancéreux. Il est aujourd'hui surchargé car il accueille les malades des quatre coins du pays. Le centre de Blida n'a pas lui aussi échappé à la saturation puisque lui aussi reçoit des malades issus des différentes régions du pays. Selon Mme Gasmi, il ne se passe pas un jour sans qu'on entende parler du cas d'un malade qui décède car il n'a pas droit au traitement. «Les centres anticancéreux sont défectueux et les médecins assistent impuissants à la détresse des malades», dit-elle. L'association Nour Doha relève amèrement les longues attentes pour obtenir un rendez-vous pour une séance de radiothérapie. Selon elle, «les rendez-vous sont de plus en plus éloignés (pour 2011) et de nombreux malades meurent entre-temps», lance-t-elle. Les appels urgents et incessants des associations de malades pour une prise en charge des cancéreux et autres malades chroniques dans un total désarroi sont restés sans écho. Cette situation montre le décalage entre le discours officiel et la réalité. Car depuis qu'il est à la tête du département de la Santé, M. Djamel Ould Abbès affirme avoir la situation en main allant jusqu'à nier l'existence d'une quelconque pénurie de médicaments. Il y a quelques jours à peine, le ministre de la Santé avait assuré «de la disponibilité des médicaments» et dégagé sa responsabilité quant à la non-disponibilité de certains produits. L'on se demande dès lors quelle mainmise a réellement le ministère de la Santé sur la gestion du secteur . A. B.