Alger En cet après-midi du 25 juin 2002, un drame secoue la ville de Bordj El-Kiffan. Le petit Nazim, âgé de 9 ans, a été sauvagement égorgé par Hakim, 27 ans. Pendant une semaine, des manifestations se sont déroulées avec à leur tête la police, venue soutenir la famille de Nazim et dénoncer l?atrocité de cet acte. Il faisait un temps splendide en cette journée du 25 juin. Aussi, Nazim demanda à sa maman, Samira, de les emmener, son jumeau, ses copains et lui, à la plage. La maman, très fatiguée, commença par refuser mais finit par céder aux supplications de son fils. Elle prépare un en-cas pour les petits et les voilà partis. Les enfants passent l?après-midi à barboter dans l?eau. Vers 17 h, ils rentrent et Nazim dit au revoir à ses copains. Il ignorait que c?était la dernière fois qu?il allait à la plage avec eux. Les jumeaux prirent une douche et Nazim demandaq à sa maman s?il pouvait aller jouer en bas de l?immeuble. Samira lui donna la permission, sans toutefois oublier de lui faire certaines recommandations. Nazim prit donc son pistolet à eau en plastique et descendit. Au bout d?une demi-heure, Ali, le frère aîné, va sur le balcon pour s?enquérir du jumeau. C?est alors qu?il pousse un hurlement de bête blessée : «Maman, maman, Nazim est plein de sang.» Toute la famille dévala les escaliers en trombe. A la vue du corps du petit Nazim gisant dans une mare de sang, la gorge tranchée, la maman s?évanouit. Elle fut immédiatement évacuée vers l?hôpital où elle refusa de rester. Rendue sur les lieux, la police constata avec effroi l?atrocité du crime. Les investigations menées par les services en charge de l?enquête permirent l?arrestation de Hakim. Durant son interrogatoire, Hakim reconnaît les faits, qu?il expliquera comme suit : «Je marchais tranquillement lorsque le garçon m?a aspergé d?eau avec son pistolet. C?est alors que j?ai vu rouge. Je l?ai empoigné énergiquement, mais il se débattait. Je lui ai alors mis la main sur la bouche pour l?empêcher de crier et j?ai pris mon cutter pour lui trancher la gorge.» Ces propos abjects glacèrent d?effroi les enquêteurs. Deux ans après les faits, le procès se déroule, le 25 avril 2004, au tribunal criminel d?Alger. Une atmosphère électrique règne dans la salle. Dans le box des accusés, le prévenu Hakim, 27 ans, 1,90 m. A la lecture de l?arrêt de renvoi, l?accusé ne se départit pas de son calme. Un calme qu?il gardera jusqu?à la fin de la lecture du verdict. Il se tourne alors vers la maman de Nazim pour lui dire sereinement : «Je n?ai pas tué votre fils.» La défense de la famille de Nazim, constituée partie civile, démontrera que l?accusé était en pleine possession de ses facultés mentales au moment du meurtre : «Votre honneur, mesdames, messieurs les jurés, on voudra vous faire croire que l?accusé est un schizophrène. Mais la place d?un malade aussi dangereux n?est-elle pas dans une institution psychiatrique ?» Et au représentant de la partie civile de lire les rapports d?expertise établis par quatre médecins attestant que Hakim est, certes, un sujet nerveux, mais qu?il ne présente en aucun cas des signes de folie. «Il a commis ce meurtre de sang-froid», dit-il en demandant la peine maximale. Néanmoins, en dépit de la brillante intervention de la défense de l?accusé, qui axera sa plaidoirie sur la folie, l?avocat général n?hésitera pas à requérir 25 ans de réclusion criminelle. A l?issue des délibérations, le verdict tombe : 20 ans de réclusion criminelle à l?encontre de Hakim. La famille du petit Nazim est satisfaite du jugement rendu par la justice, qui n?a pas ménagé l?auteur de ce crime crapuleux en appliquant une peine à la mesure de l?acte. Ceci ne ramènera certes pas le petit Nazim et ne cicatrisera pas la blessure causée par sa disparition, mais toujours est-il qu?on peut dire aujourd?hui : «Repose en paix, petit ange.»