Résumé de la 63e partie - Sophia craint que la mort de son grand-père ne soit jamais élucidée... Un jour, après le déjeuner, nous prenions le café avec grand-père. Depuis longtemps ses yeux le tourmentaient et Brenda, ainsi qu'elle avait l'habitude de le faire, lui mit dans chaque œil une goutte d'ésérine. Joséphine, qui à propos de tout, a toujours une question à poser, demanda ce que voulaient dire les inscriptions qu'on lisait sur le flacon : «Collyre. Usage externe.» On le lui expliqua. «Alors, dit-elle, qu'est-ce qui se passerait si on buvait toute la bouteille ?» Ce fut grand-père lui-même qui, souriant, répondit : «Si Brenda se trompait et si, par erreur, au lieu de me faire une piqûre d'insuline, elle m'injectait quelques-unes de ces maudites gouttes, il est probable que le souffle me manquerait, que mon visage deviendrait tout bleu et que je mourrais, parce que, voyez-vous, je n'ai plus le cœur très solide !» Joséphine a fait : «Oh !» et grand-père, toujours souriant, a ajouté : «De sorte qu'il faut que nous fassions tous bien attention à ce que Brenda ne confonde jamais l'ésérine avec l'insuline. C'est bien votre avis ?» Après un silence de quelques secondes, Sophia conclut : — Cela nous l'avons tous entendu ! Convenez que je n'exagère pas quand je dis que nous savions tous à quoi nous en tenir sur l'ésérine ! On ne pouvait guère prétendre le contraire. Je m'étais figuré qu'il avait fallu avoir quelques vagues notions de médecine pour empoisonner le vieux Leonidès. Je me trompais. Il avait lui-même pris soin d'expliquer comment il fallait s'y prendre pour se débarrasser de lui. Il avait, en fait, mâché la besogne à son assassin. Sophia devina le cours de mes pensées. Elle dit : — Horrible, hein ? — Une chose me frappe, dis-je. — Et laquelle ? — C'est que Brenda ne peut être l'assassin. Après la scène que vous venez de me décrire, elle ne pouvait pas tuer en employant ce moyen-là ! Vos souvenirs le lui défendaient. — Est-ce bien sûr ? Elle est plutôt sotte, vous savez ! — J'en suis moins persuadé que vous. Plus j'y songe, plus je suis convaincu qu'elle n'est pas coupable ! Sophia s'écarta de moi. — Vous ne voulez pas qu'elle le soit, n'est-ce pas ? Je restai muet. Je ne pouvais tout de même pas lui répondre : «Si ! J'espère que c'est Brenda qui a tué votre grand-père.» Pourquoi je ne le pouvais pas ? Je ne le sais pas trop. Parce qu'elle était toute seule, avec tous les autres contre elle ? Peut-être. Parce qu'il est naturel qu'on prenne la défense du plus faible et du plus désarmé ? C'est possible. Ce que je sais, c'est que je vis avec un certain plaisir Nannie sortir de son arrière-cuisine. Elle arrivait à propos. S'aperçut-elle que, Sophia et moi, nous n'étions pas d'accord ? (A suivre ...)