Résumé de la 41e partie - Alors que Charles est encore vaseux, il lui semble discerner une enfant qui le regarde fixement... Clignant des yeux, je marmonnai un «bonjour» à peine articulé. Elle reprit : — Je m'appelle Joséphine. Je l'avais deviné. Joséphine, la sœur de Sophia, était une enfant qui, autant que j'en pouvais juger, devait avoir onze ou douze ans. D'une laideur extraordinaire, elle ressemblait de façon étonnante à son grand-père. Il me paraissait également très possible qu'elle eût hérité son intelligence. — Vous êtes, me dit-elle, l'amoureux de Sophia. — Je me gardai de protester. — Mais c'est avec l'inspecteur Taverner que vous êtes arrivé ici. Pourquoi ? — C'est un de mes amis. — Vraiment ?... Eh bien ! il ne me plaît pas et je ne lui dirai rien. — Qu'est-ce que vous auriez à lui dire ? — Des choses ! Parce que j'en sais des tas ! Savoir tout, moi, j'aime ça ! Elle s'assit sur le bras du fauteuil. Elle continuait à me dévisager et l'insistance de son regard commençait à me gêner. — Grand-père a été assassiné. Vous le saviez ? — Oui. — On l'a empoisonné avec de l'ésérine. Elle avait prononcé le mot en détachant les syllabes avec soin. Elle ajouta : — C'est intéressant, hein ? — C'est mon avis. — Eustace et moi, ça nous passionne ! Nous aimons les histoires de police et j'ai toujours eu envie de devenir détective. Maintenant, je le suis. Je cherche des indices... L'enfant, décidément, n'avait rien de sympathique. Elle poursuivit : — L'homme qui est venu avec l'inspecteur Taverner, j'imagine que c'est un policier, lui aussi ? Dans les romans, on prétend qu'on peut toujours reconnaître les policiers en civil à leurs gros souliers. Mais celui-là a de belles chaussures en daim. — Tout change, Joséphine ! Elle prit un air grave. — Du changement, c'est ici qu'il va y en avoir ! Il est probable que nous irons vivre à Londres. Il y a longtemps que maman en a envie et ça lui fera bien plaisir. Papa, je crois que ça lui sera égal, à condition qu'il puisse emporter ses livres. Avant, on n'aurait pas pu aller s'installer à Londres. Papa avait perdu trop d'argent avec Jézabel. — Jézabel ? — Oui. Vous ne l'avez pas vue ? — C'est une pièce ?... Non, je ne l'ai pas vue. Je n'étais pas en Angleterre... — On ne l'a pas jouée longtemps. On peut même dire que ça a été un four. À mon avis, maman n'est pas faite pour le rôle de Jézabel. Qu'en pensez-vous ? Je pensai à Magda. Je l'avais vue en négligé et en tailleur. Pas plus dans l'un que dans l'autre, elle ne m'avait fait songer à Jézabel. Mais il pouvait y avoir d'autres Magda que je ne connaissais pas. Prudent, je répondis que je n'avais pas d'opinion là-dessus. Elle reprit : — Grand-père avait toujours dit que la pièce ne ferait pas un sou et que, pour lui, il ne mettrait jamais d'argent dans un drame religieux, personne n'ayant plus envie de voir ces machines-là. (A suivre...)