Résumé de la 14e partie n Sophia révèle à Charles que sa famille est impitoyable, notamment son grand-père, qui, dans sa jeunesse, a tué deux hommes... Il y a des moments où elle m'effraie. Clemency, la femme de l'oncle Roger, est une scientifique, qui poursuit je ne sais quelles importantes recherches. Son sang-froid a quelque chose d'inhumain. Son mari, c'est le contraire : le meilleur garçon de la terre, un être charmant, avec des colères épouvantables. Dans ces moments-là, il ne sait plus ce qu'il fait. Quant à papa... Elle se tut pendant quelques secondes. — Quant à papa, il a presque trop d'empire sur lui-même. On ne sait jamais ce qu'il pense, il ne laisse jamais rien deviner de ses sentiments. C'est peut-être parce que maman laisse trop déborder les siens. De toute façon, quelquefois, il m'inquiète : — J'ai l'impression, jeune personne, que vous vous faites bien du mauvais-sang, et cela sans raison. Si j'ai bien compris, d'après vous, tous ces gens-là seraient capables d'un crime ? — Oui. Et moi aussi ! — Vous ? allons donc ! — Et pourquoi ferais-je exception, Charles ? Il me semble que je pourrais parfaitement assassiner quelqu'un. Après un silence, elle ajouta : — Seulement, il faudrait que cela en valût vraiment la peine. J'éclatai de rire malgré moi. Sophia sourit. — Je suis peut-être une sotte, reprit-elle. L'essentiel est que nous trouvions la vérité, que nous sachions qui a tué mon grand-père. Si seulement ce pouvait être Brenda ! Brusquement, je me mis à penser avec une sympathie apitoyée à Brenda Leonidès. Suivant le sentier d'un pas rapide, une haute silhouette venait vers nous. — La tante Edith, me souffla Sophia. La tante approchait. Elle portait un chapeau de feutre informe, une vieille jupe et un chandail qui n'était plus neuf. Je me levai. Sophia fit les présentations. — Charles Hayward, ma tante... Ma tante, miss de Haviland. Edith de Haviland devait avoir autour de soixante-dix ans. Ses cheveux gris étaient mal peignés et elle avait le teint hâlé des personnes qui aiment le grand air. — Comment allez-vous ? me demanda-t-elle, tout en me dévisageant avec curiosité. J'ai entendu parler de vous. Il paraît que vous arrivez d'Orient. Votre père va bien ? — Très bien, je vous remercie. — Je l'ai connu quand il n'était encore qu'un enfant, reprit miss de Haviland. Je connaissais très bien sa mère, à qui vous ressemblez d'ailleurs. Etes-vous venu pour nous aider... ou est-ce le contraire ? Je me sentais mal à l'aise. — J'espère, dis-je, que je vous serai de quelque utilité. Elle approuva d'un mouvement de tête. — Ça ne serait pas une mauvaise chose ! La maison grouille de policemen. Ils fouinent partout et il y en a, dans le nombre, qui ont de bien vilaines figures. A suivre Agatha Christie