Conséquence - Si à une certaine époque, les fêtes de l'Aïd constituaient une occasion de rassembler les familles et les amis, ce n'est plus le cas depuis un certain temps. Le SMS a révolutionné les habitudes. Son utilisation augmente lors des fêtes religieuses et de fin d'année. C'est le constat des trois opérateurs et c'est même une tendance mondiale. Les abonnés interrogés par les trois opérateurs lors d'une enquête commune affirment qu'ils se sentent plus à l'aise en s'exprimant par écrit que par oral lors de toutes les occasions. «Je le reconnais et je ne suis peut-être pas le seul à être de cet avis : souhaiter une bonne chose par SMS ne veut nullement dire qu'on n'a pas de respect pour autrui mais c'est là, une question de moyens. Au lieu de parcourir des centaines de kilomètres, parfois des milliers juste pour saluer ses proches, avec un SMS, ce sont des dizaines de centaines de dinars qui sont épargnés. Avec un SMS en plus, l'on peut souhaiter bonne fête à tous ses proches en l'espace de quelques minutes seulement sans risque d'en oublier», a précisé Hamid, journaliste. Pour lui, le SMS est au même titre que tous les réseaux sociaux «où la webcam remplace les rassemblements familiaux». Même son de cloche chez Zinou, avocat. «J'ai trois sœurs mariées. La plus proche de ma résidence est à une centaine de kilomètres, alors dites-moi comment pourrais-je me permettre de les visiter toutes en une seule journée sachant que je ne dispose pas de voiture ?», nous dit-il. En revanche, pour nos grands-pères et grand-mères, c'est le monde à l'envers. Ami Hamdane, sexagénaire, facteur à la retraite, est plutôt remonté contre ces nouvelles mœurs. «A l'époque, rien ne pouvait remplacer le charme de frapper à la porte de sa fille mariée, de sa sœur ou de son frère, être reçu à bras ouverts et profiter de ces instants de chaleur familiale.» A noter dans ce sens, que les déclarations d'amour faites jadis par lettre, par intermédiaire ou tout simplement face-à-face par les plus audacieux, se font de nos jours, tout bonnement, via SMS. Comme toute technologie, tout dépend de l'usage qu'on en fait. Selon un enseignant universitaire, beaucoup de ses étudiants ont tout le temps l'esprit accroché à un bip ou à un SMS. «Pas tous, mais certains abonnés sont indignes d'une quelconque technologie. Les temps ont malheureusement beaucoup changé. Ceux d'être attentif en classe sont révolus. De nos jours, beaucoup des mes étudiants – tous ayant un portable – n'ont de réflexe que sur ce que pourrait contenir un SMS. D'autres se fixent un rendez-vous par un simple bip. J'entends sonner les téléphones de tous les coins et c'est inconcevable», a-t-il déploré estimant que le département en charge de l'enseignement supérieur devrait intervenir afin d'obliger l'extinction des cellulaires en classe. Cette même phrase a été répétée par Azzedine, étudiant et résidant universitaire à Kouba. «Franchement, le portable, particulièrement en période d'examens, a transformé ma relation avec un ancien copain de chambre en un cauchemar. Il ne se passe pratiquement pas une nuit sans qu'une rixe éclate entre nous», a-t-il témoigné. Et pour cause : le copain de chambre possède une carte SIM millénium. Selon Azzedine, insouciant de ses études, il passe presque toute la nuit en amoureux avec sa copine à l'autre bout du fil. Ce qui le contraint parfois à «s'exiler» chez des amis.