L'administrateur américain en Irak Paul Bremer et l'Autorité provisoire de la coalition (CPA) entravent l'enquête sur l'affaire de corruption qui aurait entaché le programme «pétrole contre nourriture» sous le régime de Saddam Hussein, selon le journal britannique Daily Telegraph. «L'enquête sur le plus grand scandale de corruption de l'histoire des Nations unies est actuellement entravée par l'administration de la coalition en Irak, dirigée par les Etats-Unis», affirmait ce matin ce journal, citant des membres du Congrès américains et des sources à Bagdad. «Nous avons de sérieux doutes sur la façon dont cette enquête est menée», estime Christopher Shays, membre républicain du Congrès, cité par le Telegraph. «L'étude effective des documents a été retardée de plusieurs semaines et certains pensent que des pièces importantes sont en passe d'être détruites ou falsifiées», s'était insurgé le député en mai dans une lettre au président George W. Bush citée par le quotidien. Claude Hankes-Drielsma, consultant en organisations mandaté par le Conseil de gouvernement transitoire irakien (CGTI) et cité par le journal, accuse de son côté M. Bremer d'avoir «mis un frein» à cette enquête «dès que celle-ci a commencé à faire la Une de la presse». Kofi Annan, le secrétaire général de l'ONU, s'est officiellement engagé le 21 avril à faire la lumière sur les accusations de corruption portées contre son organisation dans la gestion du programme «pétrole contre nourriture» lancé en 1996 et clos en novembre 2003. Quelque 270 responsables politiques de 22 pays et au moins trois personnalités de l'ONU, dont le chef du programme, Benon Sevan, seraient impliqués dans ce scandale.