Calvaire - Leur martyre commençait aux premières lueurs de l'aube et ne se terminait qu'au coucher du soleil où ils étaient ensuite enfermés dans des cellules obscures et enchaînés les uns aux autres. La plupart des déportés de Calédonie, de braves moudjahidine de la cause nationale qui avaient rejoint les rangs de Hadj-Mokrani pour bouter la France hors de notre pays, sont originaires de Kabylie, de Constantine et peut-être surtout de Biskra. Nous savons tout ou presque tout sur le calvaire de ces hommes, à peine âgés de trente ans qui ont connu le bagne, la torture, la faim, les privations et les travaux forcés. Leur martyre commençait aux premières lueurs de l'aube et ne se terminait qu'au coucher du soleil où ils étaient ensuite enfermés dans des cellules obscures et enchaînés les uns aux autres. Sur ce caillou perdu du Pacifique, à 18 000 kilomètres de leur patrie, ils sont arrivés à tenir grâce à leur foi, à la force de leurs convictions et surtout à leur solidarité. Selon les archives d'Aix-en-Provence, ils auraient été 90. Historiquement, ils auraient été libérés sous la pression de la commune de Paris. Mais alors que sont-ils devenus ? Nous perdons leurs traces à partir de 1900. Il semblerait, qu'une fois élargis, ils se seraient scindés en trois groupes. Le premier de quelques individus aurait quitté l'île pour la Nouvelle Zélande et l'Australie. Un seul serait revenu au pays. Le second groupe aurait décidé de rester sur place pour travailler comme conducteurs de fiacres. Quant au troisième il aurait opté pour la région de Bouraye où l'Etat français encourageait l'occupation des terres. Et depuis, silence radio sur ces Algériens que tout le monde avait oubliés. En 1928 pourtant une lettre envoyée par l'un de ces déportés parvenait à sa famille à Biskra. Puis l'écran blanc de nouveau. En 1980 un Algérien de passage dans l'île découvrait, par le plus grand des hasards, les descendants de cette communauté. Ces descendants qui avaient épousé des Caldoches, étaient pères et grands-pères et portaient des noms typiquement français. L'une de ces grand-mères, Mme Marguerite a avoué que son nom de baptême que lui avait donné son père, un déporté de Constantine était en réalité Mimouna. Mieux elle se souvient avoir vu alors qu'elle n'avait que 8 ans, El-Mokrani lui-même sur la place de Nouméa. Puis aucune nouvelle de ces compatriotes, pas même l'écran blanc...