C'est en Nouvelle-Calédonie que Louise Michel sera déportée pour être punie de son activité révolutionnaire pendant la commune de Paris (1870). Là, elle rencontrera d'autres insurgés, ceux de l'insurrection des tribus algériennes, sous la direction de Cheikh El Mokrani. Elle fut tellement influencée, par ces hommes en burnous qu'elle découvrait pour la première fois, qu'elle leur fit la promesse, après sa libération des territoires lointains de sa captivité, de faire un voyage en Algérie. Ce fut son dernier déplacement. Mais que sait-on de cette femme illustre dont le nom fleurit au fronton de nombreuses rues, ou écoles, en France ? Un film réalisé par Solveig Anspach pour la chaîne publique France 2 va, très prochainement, nous faire mieux connaître cette femme d'exception. C'est la talentueuse Sylvie Testud, comédienne remarquable, qui interprétera le rôle de Louise Michel, une femme révoltée. Condamnée pour avoir porté les armes contre les troupes de Bismarck puis celles de Versailles, après son incarcération dans la forteresse de Rochefort, Louise est déportée avec des milliers d'autres révolutionnaires vers la lointaine Nouvelle-Calédonie, alors qu'à Paris, infatigable mais isolé, le jeune parlementaire, Georges Clémenceau, se bat pour arracher l'amnistie des Communards. Institutrice, proche de Victor Hugo, Louise va se révéler en déportation, être une incroyable animatrice, une résistante exemplaire. Tous les hommes l'admirent. Non seulement elle raffermit le courage de ses camarades de détention, parmi lesquels des Algériens, mais encore elle se lie aux habitants de l'île, les Kanaks. Elle leur enseigne le français, découvre leurs coutumes, leur identité. Son anarchie n'est pas idéologique, mais un comportement moral, un obstiné refus de l'injustice et des discriminations. Elle terminera sa détention en enseignant dans une école rassemblant à Nouméa des enfants kanaks et caldoches dans la même classe. A la fin 1904, avec Ernest Girault, elle fit une tournée de conférences en Algérie, pour dénoncer le militarisme, le capitalisme, l'oppression et l'exploitation coloniale. En novembre 1904, à Mascara, fief du grand résistant qu'était l'Emir Abd El Kader, fatiguée par son âge (plus de 70 ans) et les souffrances d'une longue vie de luttes, elle interrompt sa tournée de conférences et rentre en France où elle décède peu après. Son ami Ernest Girault continuera ses conférences du nord au sud de l'Algérie les mois suivants, dépeignant et condamnant avec force en 1905 dans Une colonie d'enfer (Editions Libertaires) les affres de l'exploitation coloniale que dénonça jusqu'au dernier souffle Louise Michel. Chez le même éditeur, Clotilde Chauvin nous dépeint le séjour algérien de la communarde dans Louise Michel en Algérie. Des jalons indispensables de l'histoire anti-coloniale. En savoir plus Les éditions Libertaires, 35 allée de l'angle, Chaucre, 17190 St Georges Oléron.