Précision - La lutte contre le blanchiment d'argent émanant du marché parallèle de la devise n'est pas du ressort de la CTRF, mais c'est une prérogative de l'Etat. «En vertu de la loi, la CTRF a la prérogative de transmettre des affaires de blanchiment confirmées à la justice, de contribuer à la détection et la dissuasion du recyclage de fonds issus de la criminalité et le financement du terrorisme, mais c'est l'Etat de manière générale qui est concerné par cette question, y compris les ministères des Finances et du Commerce». C'est ce qu'a affirmé, jeudi, le président de la Cellule de traitement du renseignement financier (CTRF), Abdennour Hibouche, lors d'une conférence de presse au ministère des Finances. Par ailleurs, M. Hibouche a signalé que trois affaires relatives au blanchiment d'argent ont été transmises à la justice en 2012 par la CTRF, ce qui fera au total sept dossiers dont deux en 2007 et deux en 2011. Cette entité a également procédé, durant cette même année, au blocage de l'exécution de trois autres dossiers douteux pour une durée de 72 heures par manque de preuves concrètes sur ces affaires. Le premier responsable de la CTRF a, cependant, fait l'impasse sur la nature de ces affaires et sur les personnes physiques ou morales, auteurs de ces opérations douteuses, se contentant de dire seulement que ce phénomène n'a épargné aucun secteur d'activité. Interrogé sur le montant de l'argent sale, M. Hibouche dira que «le montant de la transaction en lui-même ne nous intéresse pas, ce qui est important est de détecter ce genre d'infraction. Deuxièmement, il y a des fonds qui sont lisibles, d'autres non, d'où, la difficulté, dit-il, de cerner le volume des affaires de blanchiment». En outre, argue-t-il, «les blanchisseurs ou les terroristes peuvent bien fractionner leurs opérations pour ne pas attirer l'attention des banques en brouillant les pistes». Qui blanchit le plus ? En réponse, il dira que «toutes les déclarations de soupçon reçues entre 2011 et 2012 par la CTRF sont des opérations qui se sont réalisées en Algérie, de ou vers l'étranger». Dans ce sillage, le conférencier ajoute que le nombre de déclarations de soupçon a enregistré une légère baisse en 2012 par rapport à l'année 2011 où 1 576 cas ont été enregistrés. Cette baisse est le fruit des mesures de vigilance et des procédures de contrôle mises en place récemment par les banques pour la surveillance des transactions ainsi que de la sensibilisation des entités déclarantes pour une transmission sélective des déclarations à soumettre à la cellule. Il exclut en effet que toutes ces opérations aient un lien avec le blanchiment. Depuis 2005 et jusqu'à la fin 2011, la CTRF a reçu 3 235 déclarations de soupçon transmises uniquement par le secteur bancaire, dont 1 576 déclarations en 2011, 1 083 en 210, 328 en 2009, 135 en 2008, 66 en 2007, 36 en 2006 et 11 déclarations en 2005. L'orateur a toutefois relevé que les professions non financières sont, elles aussi, tenues de transmettre des DS, à savoir les notaires, les avocats, les huissiers, les commissaires aux comptes, les agents immobiliers, les concessionnaires automobiles et autres.