L'enquête ouverte par le parquet de Milan sur les activités de deux importantes sociétés italiennes, Eni et Saipem, qui ont versé d'importants pots-de-vin pour obtenir des contrats en Algérie laisse perplexe. Cette affaire laisse apparaître que pour obtenir un marché énergétique de 11 milliards de dollars en Algérie, une commission occulte de 197 millions d'euros, (256 millions, disent d'autres sources), aurait été versée, par le biais d'un intermédiaire à des responsables algériens. Au passage, le ministère algérien de l'Energie et certains patrons de Sonatrach ont été sérieusement éclaboussés. Certaines sources parlent même de la mise en cause de Chakib Khellil qui aurait enfoncé ses dix doigts dans les «pots» de miel offerts par la Saipem. Les mêmes sources italiennes mettent, également, en cause le dénommé Farid-Noureddine Bedjaoui, un intermédiaire, proche parent de deux ex-ministres algériens et patron d'une société écran basée à Hongkong. Jusque-là, l'affaire est classique. Elle ne dit pas plus que ce que tous les citoyens algériens devinent. Et ce que les Italiens savent. Dans ces deux pays des deux rives de la Méditerranée, les affaires de corruption sont ancrées dans les mœurs des responsables et même de certains citoyens. Elles font, en tout cas, partie des actes «normaux» des mafias politico-financières qui essaiment en Afrique et dans certains pays d'Europe. Mais ce qui est bizarre, c'est que jusque-là, les autorités algériennes n'ont ni confirmé ni infirmé la chose. C'est comme si cet énorme scandale les laissait indifférentes, ou glissait légèrement sur leur dure carapace. L'on se rappelle que lorsqu'il était encore en poste, Chakib Khellil avait été apostrophé par un journaliste, en marge des travaux d'une des fameuses séances de notre auguste APN, sur son éventuelle interpellation par la justice algérienne sur des affaires de corruption qui avaient touché à la gestion par Sonatrach de certains gros projets. En guise de réponse, l'ex-ministre de l'Energie avait affiché un large sourire. Etait-il, alors, sûr de son innocence ? Ou était-il, tout bêtement, sûr de la nationalité américaine qu'il arbore sur son principal passeport ? Par ailleurs, faut-il désespérer complètement de nos institutions au point que ce soit un parquet italien qui soulève nos lièvres à notre place ? En outre et puisque certaines entreprises italiennes sont connues pour les pots de vin qu'elles versent pour obtenir des projets industriels, qui va nous dire que Sonelgaz n'est pas aussi dans les mêmes conditions que Sonatrach ? Notre géant public de l'électricité et du gaz a, lui aussi, réalisé quelques projets avec des firmes italiennes dans le domaine de l'électricité pour une valeur qui avoisinerait les deux milliards de dollars. Certains projets sont toujours en cours de réalisation alors que d'autres ont été livrés. Selon certaines sources généralement bien informées, les projets livrés souffriraient de lacunes techniques. Ou même de vétusté. Alors «che fare», comme pourrait dire le patron du parquet de Milan. En effet, que faire ? Enfin, de quoi je me mêle ? Khelli l'bir beghtah.