Le parquet de Milan avait entrepris durant l'été 2009 son enquête sur la part italienne des pots-de-vin qui auraient été versés entre 1995 et 2004 pour obtenir des contrats au Nigeria. Les répliques du scandale du groupe pétrolier algérien Sonatrach ont fait vaciller le géant italien ENI et sa filiale d'ingénierie et de forage Saipem. Après l'ouverture d'une enquête interne, depuis deux ans, pour corruption sur ses contrats avec Sonatrach, trois hauts responsables d'ENI et de sa filiale ont été éjectés mercredi dernier. L'enquête du parquet de Milan porte sur plusieurs grands contrats conclus par Saipem avec le groupe Sonatrach avant 2010. Depuis les années 2000, Saipem, qui aurait bénéficié du soutien de l'ancien ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, était devenu un client attitré du groupe pétrolier algérien. Les contrats du groupe transalpin s'élevaient à plus de 6,5 milliards de dollars en 2008. Entre 2006 et 2009, le chiffre d'affaires de Saipem en Algérie se situait entre 15 et 20 milliards de dollars. Le groupe italien a obtenu certains contrats dans des conditions douteuses, comme celui de la construction du gazoduc GK3. Le nom de cette société a été évoqué dans le cadre de l'instruction menée par la justice algérienne sur des contrats décrochés dans le domaine énergétique par des sociétés étrangères. Deux fils de l'ex-PDG de Sonatrach avaient joué les «facilitateurs» entre les deux compagnies, de même que l'ancien directeur de la banque publique algérienne CPA, selon l'enquête. A signaler que Saipem est aussi soupçonnée de tricheries au Nigeria. La société Saipem, qui a intégré en son sein en 2006 la société Snamprogetti, à qui les faits sont reprochés, ainsi que cinq de ses dirigeants de l'époque, ont été présentés en justice en janvier 2011 pour corruption internationale. Le parquet de Milan avait entrepris durant l'été 2009 son enquête sur la part italienne des pots-de-vin qui auraient été versés entre 1995 et 2004 par le consortium international TSKJ, dont faisait partie Snamprogetti, pour obtenir des contrats au Nigeria. Fin 2009, la justice italienne a rejeté une demande du parquet visant à interdire au groupe pétrolier italien ENI et à sa filiale Saipem de travailler dans ce pays. Créée en 1956, Saipem, détenue aujourd'hui à 43% par le groupe italien ENI, est organisée en trois pôles d'activité : offshore, onshore et forage (plateforme pétrolière, pipeline, raffinerie, etc.). Présente dans tous les continents, elle emploie plus de 40 000 personnes. De 2008 à 2011, 8 milliards d'euros sont investis dans de nouveaux navires et centres d'ingénierie afin de poursuivre le développement du groupe. En 2010, son chiffre d'affaires a dépassé les 11 milliards d'euros et le total de bilan les 15 milliards d'euros.