Scène - ‘Montserrat' le chef-d'œuvre théâtral du brillant écrivain français, Emmanuel Roblès, revient encore une fois sur les planches algériennes. Interrogé quant au choix porté sur cette œuvre, le metteur en scène, Djamel Guermi, répondra, lors d'une conférence de presse, hier, au TNA : «Cette pièce de théâtre fait partie des grands classiques, elle est rédigée selon les règles de l'écriture dramatique. Elle s'adresse à toute l'humanité. L'œuvre traite du combat des peuples pour la liberté contre le colonialisme, elle coïncide avec la célébration du cinquantième anniversaire de l'indépendance.» Pour rappel, Montserrat, qui traite du droit des peuples à l'indépendance, a été jouée, pour la première fois, en 1949, à Alger, par des comédiens algériens et en présence de l'auteur. Taha El-Amiri, qui tenait le rôle principal dans la première présentation en 1949 et sollicité pour la nouvelle, ajoutera : «La pièce de Roblès est toujours d'actualité. De nos jours, il existe des peuples qui tentent d'arracher leur indépendance, le combat pour la liberté est toujours d'actualité, puisqu'on assiste à plusieurs formes de colonisation.» Il reviendra, par ailleurs, sur le contexte historique dans lequel a été jouée la première présentation de Montserrat à Alger, en 1949. «Nous avons effectué ce travail dans un esprit révolutionnaire, sous l'encadrement du MTLD, pour sensibiliser le peuple algérien au militantisme national, à cette époque nous souffrions de la censure et du contrôle exercés par les forces coloniales et nous, nous avons essayé d'esquiver ces barrières.» Après l'indépendance, elle a été rejouée en 1965. En 2013, Montserrat revient avec une nouvelle lecture, tout en restant fidèle au texte initial. Le metteur en scène rassure qu'il n'y a aucun changement quant au contenu du texte. En effet, le public algérois aura le privilège d'assister, demain, mercredi, au Théâtre national, à la générale de l'une des plus grandes œuvres théâtrales. Le mérite revient aux efforts fournis par la coopérative artistique et culturelle Port-Saïd, à sa tête le comédien Mohamed Aouadi qui, depuis sa création, en janvier 2012, tente de réanimer l'activité théâtrale avec des présentations de qualité, efforts soutenus par une assistance financière sans faille de la part d'Agro Consulting International (ACI). Comédiens, metteurs en scène et sponsors ont tenu, hier, lors de la conférence, à attirer l'attention sur l'intérêt de l'investissement financier dans le domaine culturel. Rabeh Alem, ancien acteur de théâtre, actuellement directeur général de la société Agro Consulting International (ACI) a souligné l'intérêt de son sponsoring pour les activités culturelles. «Il est de notre devoir de soutenir tout créateur de richesse dont la culture. Les gouvernements du monde entier œuvrent pour l'indépendance économique, il en est de même pour la culture, chaque nation doit s'approprier sa propre culture en encourageant les créateurs», a-t-il dit. Et d'ajouter : «Il est regrettable que le domaine de la culture reste en dehors des projets de développement des grandes entreprises économiques dans notre pays. Celles-ci préfèrent sponsoriser le sport, plus précisément le football, et négligent complètement la culture.» Le comédien, Abdenour Chelouche, qui revient sur les planches après une absence de 25 années, dira : «Il est regrettable que la culture soit considérée comme une futilité. Nos politiciens n'encouragent pas la culture. Il est à déplorer le manque d'espaces culturels. Malgré les efforts de la tutelle, un grand travail reste à faire. Nous espérons qu'il y aura un intérêt pour la culture comme celui porté au sport. Il faut préciser que ce n'est qu'avec la culture qu'on peut réaliser un vrai développement de la société, par la pensée, la tolérance et le dialogue des civilisations». La comédienne, Nadia Talbi, a, pour sa part, soutenu : «Nous avons eu les deux révolutions agraire et industrielle, les deux ont échoué, et nous attendons toujours l'aboutissement de la révolution culturelle, les ingrédients de sa réussite existent grâce aux jeunes artistes dotés d'une formation pédagogique.»