Duel Outre les 22 acteurs qui seront ce soir sur le terrain, les deux coachs se livreront, eux aussi, une lutte sans merci. «Notre parcours est fantastique, fabuleux», reconnaît le capitaine Ludovic Giuly, qui a du mal à y croire. «Au début de la saison, on ne pensait pas arriver en finale. Maintenant, on veut la gagner», assure-t-il. Monaco, quatrième représentant français à atteindre une finale de C1 après Reims (1956, 1959), Saint-Etienne (1976) et Marseille (1991, 1993), a l'occasion de marquer l'histoire d'un football français qui ressasse encore la défaite de Marseille en finale de la Coupe de l'Uefa il y a une semaine. De façon plus pragmatique, un succès éviterait au club de la principauté, finalement 3e du championnat de France après avoir longtemps cru au titre, de passer par un 3e tour préliminaire pour disputer la Ligue des champions la saison prochaine. Le FC Porto, de son côté, aspire à une deuxième couronne européenne en deux ans, après son succès en Coupe de l'Uefa l'an dernier. Il permettrait à la génération Deco de rejoindre dans l'histoire du club celle de l'Algérien Rabah Madjer, sacrée en C1 en 1987. Le FC Porto, qui cultive un petit complexe vis-à-vis du Benfica Lisbonne, a surtout l'occasion de rejoindre les «Benfiquistes», vainqueurs à deux reprises de l'ex-Coupe d'Europe des clubs champions (1961, 1962). Cela sonnerait comme une douce revanche pour les Dragons, dix jours après la défaite en finale de la coupe du Portugal (1-2 a.p.) face à ce même Benfica qui a mis fin aux rêves d'un nouveau triplé coupe-championnat-coupe d'Europe. Cette finale est aussi un duel entre deux hommes empreints de culture tactique et pour qui seule la victoire est belle : les entraîneurs Didier Deschamps, 35 ans, et José Mourinho, 41 ans. Deschamps a apporté son expérience de cinq finales de C1 à un groupe novice sans brider les inspirations créatrices des Giuly, Rothen et Morientes. Mourinho a bâti, pour sa part, une équipe remarquablement équilibrée, où le milieu de terrain est une machine à étouffer l'adversaire. Et à l'avaler tout cru en contre-attaque. «C'est une équipe qui fait d'abord déjouer l'adversaire, elle le fait très bien», estime Deschamps au sujet de son adversaire. «Si Monaco et Porto se sont qualifiés pour la finale, c'est parce qu'ils ont joué en équipe», renchérit Mourinho, qui va sans doute changer de club après cette finale, une hypothèse également vraisemblable pour Deschamps après trois saisons passées sur le banc de l'AS Monaco. Avec Morientes, meilleur buteur du tournoi (9 buts) en quête d'une quatrième Ligue des champions, et un moral forgé par les victoires mémorables face à La Corogne (8-3 !), le Real et Chelsea, Monaco a peut-être les meilleurs atouts s'il dépasse son usure physique.