Terrassé par Dortmund au match aller (4-1), le Real Madrid en appelle à l'union sacrée et à la communion avec le public à Bernabeu pour tenter une remontée épique face aux Allemands, ce soir en demi-finale retour de la Ligue des champions. Les Madrilènes sont conscients du défi immense, d'autant que Dortmund sera poussé, lui, par la perspective de sa première finale de C1 depuis l'unique triomphe du club de la Ruhr en 1997. Mais durant toute la semaine, les Merengue se sont attachés à rappeler leur tradition d'équipe héroïque, lançant une vidéo réclamant le soutien du public et cultivant le souvenir de retournements de situations made in Real. Ramos et consorts y répètent la célèbre phrase de l'attaquant madrilène des années 80, Juanito : «90 minutes au Bernabeu peuvent être très longues». Ce soir, les hommes de Mourinho auront besoin de trois buts pour passer l'obstacle de Dortmund, à condition toutefois de parvenir aussi à préserver leur propre cage. Ce n'est pas évident : en trois confrontations avec les Allemands cette saison (les deux équipes s'étaient déjà rencontrées en phase de poules), les Madrilènes ont encaissé 8 buts... Cette mission remontée des Blancs apparaît d'autant plus délicate que leur principal atout offensif, le Portugais Cristiano Ronaldo, est amoindri par une blessure à la cuisse gauche depuis le match aller en Allemagne. Revenu à l'entraînement dimanche après avoir fait l'impasse sur le derby madrilène contre l'Atletico en championnat samedi (victoire du Real 2-1), le meilleur buteur de l'actuelle C1 (12 réalisations) devrait tenir son rang, mais il risque de ne pas être en pleine possession de ses moyens. Pour le reste, le scénario du match aller, où Lewandowski avait martyrisé Pepe en défense centrale, devrait amener Mourinho à recentrer Ramos dans l'axe aux côtés de Varane, le Ghanéen Essien jouant une nouvelle fois les utilités à droite. Côté Dortmund, on s'employait surtout à ne pas crier victoire avant l'heure. Tous les autres ont pu se reposer. Entièrement, comme ce fut le cas pour Mario Götze et Ilkay Gundogan. Partiellement, pour Lewandowski, l'auteur du quadruplé historique à l'aller, Reus et Blaszczykowski, appelés en renfort dans les 20 dernières minutes. Si Lewandowski n'a pas marqué, stoppé dans sa série de 12 matchs avec au moins un but, il reste avide d'améliorer son capital actuel de 10 buts en C1. La principale incertitude côté allemand concerne le latéral droit Lukasz Piszczek, freiné par ses adducteurs et qui pourrait être remplacé par Grosskreutz, le pompier de service. Les équipes probables : Real Madrid : Diego Lopez - Essien, Varane, Ramos, Coentrao - Xabi Alonso, Khedira - Di Maria, Özil, Ronaldo - Benzema (ou Higuain). Entraîneur : José Mourinho Borussia Dortmund : Weidenfeller - Piszczek (ou Grosskreutz), Subotic, Hummels, Schmelzer - Bender, Gündogan - Blaszczykowski, Götze, Reus - Lewandowski. Entraîneur : Jürgen Klopp Mourinho : «Ce serait mon échec» José Mourinho prendra ses responsabilités si le Real Madrid se fait éliminer de la Ligue des champions, mardi contre Dortmund. «Je considère que, comme dans tous les clubs de foot à de très rares exceptions près, le succès est à attribuer à tous, alors que l'échec est toujours imputable à l'entraîneur. Ce sera donc aussi comme ça cette fois-ci : si nous n'atteignons pas la finale, ce sera mon échec, a confié le Portugais qui croit tout de même l'exploit possible. Demain (mardi), il faut d'abord que nous soyons nous-mêmes, c'est-à-dire une équipe excellente, que nous pensions à jouer comme nous savons le faire. Il faudra d'abord que nous nous préoccupions de gagner, de faire la course en tête minute après minute, ensuite, nous verrons». Klopp : «Ce sera historique pour le BVB» L'entraîneur du Borussia Dortmund, Jürgen Klopp, a estimé lundi que «quoi qu'il arrive», la demi-finale retour de Ligue des champions entre le Real Madrid et Dortmund, que les Allemands abordent avec un avantage considérable après leur démonstration (4-1) à l'aller, aurait un final historique. «Soit nous nous qualifions pour la finale, et c'est historique. Soit le Real nous éjecte, et c'est également historique», a-t-il lâché dans un grand sourire. Ramos : «Faim de revanche» Le défenseur central du Real Madrid Sergio Ramos a affirmé que les Madrilènes avaient «faim de revanche» après la gifle (4-1) reçue à l'aller en Allemagne. «Nous avons faim de revanche. Après le match aller, nous avons beaucoup réfléchi, tiré des conclusions, négatives pour la plupart, et l'équipe possède l'envie et la confiance nécessaires pour remonter le résultat très défavorable de l'aller», a expliqué Ramos en conférence de presse à Madrid. Interrogé une nouvelle fois sur la défaillance au match aller, l'international espagnol de 26 ans a jugé que la défaite des Blancs avait été logique: «Le football est parfois injuste, mais là il a été juste: Dortmund a mérité sa victoire à l'aller». Avant, toutefois, de poursuivre : «Demain, nous pouvons remonter. L'attitude sera très importante. Si nous remportons nos duels personnels et si nous mettons du rythme et de l'intensité, nous pouvons le faire, même si nous sommes conscients que le score de l'aller nous est très défavorable». Khedira : «Rendre possible l'impossible» Pour Sami Khedira, le club madrilène a les moyens de créer la sensation, et doit notamment pouvoir compter sur son public pour le réaliser. «Ils doivent nous pousser à 100% dès le coup d'envoi comme ils le font toujours, dévoile le milieu de terrain allemand sur le site Internet de Marca. De ce côté-là, je n'ai absolument aucun doute. Dans ces rencontres, l'appui des supporters est très important et peut être un facteur décisif. Je suis persuadé qu'ils nous donneront des ailes. Nous avons une dernière chance pour bien faire les choses. Au match aller, nous n'avons pas été convaincants en tant qu'équipe et faibles dans le jeu. Aujourd'hui, nous devons rendre possible l'impossible.» Ronaldo apte Cristiano Ronaldo est bien dans le groupe du Real Madrid pour la demi-finale retour de Ligue des champions, ce soir contre le Borussia Dortmund. Le Portugais est remis de sa blessure à la cuisse gauche. Forfait samedi pour le derby de Madrid face à l'Atletico (2-1), Cristiano Ronaldo pourra bien tenir sa place, mardi en demi-finale retour de Ligue des champions contre Dortmund (1-4 à l'aller) avec le Real Madrid. C'est son entraîneur José Mourinho qui l'a confirmé lundi en conférence de presse. Touché à une cuisse gauche, le Portugais s'était déjà entraîné normalement dimanche. «Cristiano Ronaldo est bon pour demain, mais Arbeloa et Marcelo sont toujours blessés», a en revanche précisé le technicien. Le premier souffre d'une lombalgie tandis que le second n'est pas encore guéri d'une lésion musculaire. - Coupe d'Europe 1975-1976 contre Derby County Les Madrilènes ont déjà remonté une fois dans leur histoire un 4-1 concédé à l'extérieur... en huitièmes de finale de la C1 version 1976 contre le club anglais de Derby County. Les Merengue, alors dirigés par Miljan Miljanic, étaient parvenus à renverser la vapeur en l'emportant 5-1 à Bernabeu. Les artisans de ce succès s'appelaient à l'époque Roberto Martinez, auteur d'un doublé, Santillana et Pirri. - Coupe de l'UEFA 1984-1985 contre Anderlecht En huitièmes de finale de cette compétition, Butragueno et les siens ont fait reboucher le champagne aux Belges d'Anderlecht. Menés 3-0 après l'aller, ils ont balayé leurs adversaires 6-1 à Bernabeu grâce notamment à un triplé de Butragueno «el Buitre» (le vautour). - Coupe de l'UEFA 1984-1985 contre l'Inter Milan Deux tours plus loin, en demi-finale de la même compétition, les Merengue refont le coup contre l'Inter Milan, qui s'était pourtant imposé 2-0 à l'aller à San Siro. Mais c'était sans compter sur Juanito, l'attaquant emblématique des Merengue qui avait prévenu — dans une formule à mi-chemin entre l'espagnol et l'italien — «Noventa minuti en el Bernabeu son molto longo» (90 minutes à Bernabeu sont très longues). Santillana, auteur d'un doublé, et Michel avaient effectivement prouvé que Juanito était dans le vrai (3-0 au retour). - Coupe de l'UEFA 1985-86 contre le Borussia Mönchengladbach C'est la dernière grande remontée des Blancs en Coupe d'Europe. En huitièmes de finale, le Real de Luis Molowny avait encaissé un fracassant 5-1 en terres allemandes. Mais deux doublés, l'un signé Valdano l'autre Santillana, avaient permis aux Madrilènes d'effacer cette déconvenue (4-0), les Merengue ne s'arrêtant ensuite plus avant de remporter le compétition.
