Saison - C'est en cette période printanière que les ménagères blidéennes préparent le couscous «Lahmama», dont raffolent nombre de familles qui le considèrent comme le «roi» des mets. Ancré dans les traditions culinaires locales, ce plat doit sa notoriété aux vertus médicinales que lui confèrent les plantes servant à sa préparation, poussant dans les plaines et sur les hauteurs de Chréa. D'aucuns le qualifient même de «vaccin» annuel immunisant ses consommateurs contre certaines maladies. Le couscous «Lahmama» est préparé à base de plantes qui, une fois lavées et débarrassées de leurs racines, sont découpées par les ménagères avant de les mélanger au couscous roulé à la main et de le passer à la vapeur dans un couscoussier. Pour la dégustation de ce plat, il est recommandé de l'assaisonner avec de l'huile d'olive et de le saupoudrer de sucre. Pour que les herbes induisent l'effet escompté, il est préférable de consommer «Lahmama» à jeun. Considéré comme une panacée contre de multiples maladies, «Lahmama» est conseillé notamment pour prévenir certaines maladies, telles que, le diabète, l'anémie et le rhumatisme. Durant la période ottomane, ces plantes aux propriétés médicinales, ont été utilisées comme ingrédient du couscous «Lahmama», qui a connu un essor, grâce à ces plantes connues pour leurs propriétés curatives à l'instar de la caroube utilisée contre la constipation ou le genièvre contre les rhumatismes. Ces plantes étaient, selon la même source, exportées par des colons qui les achetaient auprès des femmes de Blida, après leur séchage, pour leur utilisation dans les laboratoires de fabrication de médicaments et/ou de cosmétiques. «Plus de 70 plantes aromatiques, telles que l'origan, le laurier, le safran, le thuya et autres herbes poussant sur les hauteurs de Sidi Lekbir et de Chréa, et qu'on retrouve également dans les plaines de Chréa, entrent dans la préparation de ce plat. C'est au printemps que les femmes vont dans les champs pour chercher ces plantes, tout en fredonnant des airs dédiés à cette douce saison, en témoignent ces dames rencontrées au souk «laarab» de la ville de Blida où elles vendaient des plantes, présentées en bouquets. Selon un historien de la ville de Blida, Youcef Ouragui, en l'occurrence, l'appellation «Lahmama» tire son origine du mot «hammam», du fait que les plantes servant à sa préparation sont utilisées par des parturientes dans les bains maures comme thérapie contre diverses maladies. Pour la même finalité, ce remède est également utilisé dans les bains domestiques.