Vous en conviendrez la rapidité et l?intensité dans les efforts intellectuels peuvent nuire à la santé mentale. Sur les cinq continents, le bachotage constitue l?activité principale des candidats aux examens scolaires. Les élèves s?y adonnent avec frénésie par peur d?oublier ou par crainte d?avoir mal compris les leçons du programme. Cependant, dans ces pays, l?élève n?a recours au bachotage (du verbe bachoter) qu?une fois les programmes bouclés. Jamais au grand jamais l?autorité scolaire ou l?enseignant ne conseille aux élèves de bachoter. Pour le pédagogue averti, cette activité est inopérante. Pis, elle risque de mener au surmenage. Elle est donc anti-pédagogique. C?est pourtant ce que l?on propose le plus officiellement du monde aux candidats algériens en réponse à la peur qui s?est emparée d?eux à la suite du refus officiel d?une deuxième session. Le ministre de l?Education nationale a pris la décision ? afin de réconforter les élèves et leurs parents ? de recruter des enseignants vacataires pour assurer des cours de rattrapage (pour les terminales) à partir du 10 juin. Initiative louable, mais sur le plan de la forme seulement. Le rattrapage dont il s?agit, vu le contexte particulièrement tendu de cette année scolaire, ne peut se déployer dans la sérénité. A l?approche du jour «J», il est impossible à un enseignant, vacataire de surcroît, donc sans expérience, de combler les déficits énormes sur les plans pédagogique et psychologique traînés malgré eux par les élèves. A-t-il le temps de cibler et de bien préparer ses séances et de détecter les lacunes de ses élèves ? Comme il est payé pour faire un travail, il le fera avec c?ur. Dans l?urgence de la situation où ce vacataire est placé, il usera, ainsi que ses élèves, du bachotage.