Intervention - La campagne médiatique menée par le Maroc contre l'Algérie est une «escalade préméditée», qui a pour origine un acte d'hostilité inqualifiable mettant en cause l'intégrité territoriale de l'Algérie. C'est ainsi qu'a qualifiée hier dimanche, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Amar Belani, la dernière sortie en date du MAE marocain au travers de son dernier communiqué. Ainsi le triptyque non négociable qu'a fait valoir Alger au titre de la levée des entraves qui minent les relations algéro-marocaines ne semble pas être du goût de Rabat. L'Algérie a en effet émis trois conditions : arrêt de «la campagne de dénigrement menée par des cercles officiels et non officiels marocains contre l'Algérie», la «coopération effective du Maroc pour arrêter les flux de trafics, notamment de drogues» et le «respect de la position algérienne au sujet de la crise du Sahara occidental». Alors que les autorités marocaines n'ont pas jugé utile de se démarquer des propos tenus par le secrétaire général de la seconde force politique du Maroc «Istiqlal», et membre de la coalition gouvernementale, mettant en cause le tracé frontalier entre les deux pays, elles ont cependant violemment commenté la position algérienne en ce qui concerne la question sahraouie. Les propos de ce politique marocain étaient pourtant très graves, pouvant même passer pour une déclaration de guerre à l'encontre de l'Algérie, puisqu'il avait appelé à lancer une offensive militaire pour récupérer «les territoires de Béchar et Tindouf», des territoires «marocains occupés par l'armée algérienne», qu'il dit ! «Que Dieu lui pardonne !», avait répliqué le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci. Mais non seulement les autorités marocaines n'ont pas réagi à cette attaque anti-algérienne, mais pire encore, les déclarations de ce responsable ont été relayés par les télévisons publiques. Ainsi, et interrogé par l'APS sur ce dernier communiqué marocain, M. Belani a fait remarquer que tout d'abord, «il est intéressant de revenir sur le séquentiel de cette escalade, que tout laisse à penser qu'elle est préméditée puisqu'elle répond à des considérations multiples qui ne nous échappent point». Des propos et des attitudes qui «ne peuvent en aucune manière participer benoîtement de la — liberté d'expression et d'opinion — et leur impact hautement dommageable ne pouvait être ignoré par les autorités qui préférèrent les absoudre par leur silence», a soutenu Omar Belani, porte parole du ministère des Affaires étrangères à l'APS. Il s'interroge ensuite : «Par ailleurs, comment doit-on interpréter le fait que ceux qui plaident vigoureusement pour la réouverture de la frontière en viennent, en même temps, à en contester le tracé ? notant que «ce n'est pas la seule contradiction que nous avions relevée puisque l'invocation des — règles de voisinage et de l'exigence de coopération — aurait voulu que les actes suivent les professions de foi, fussent-elles volontaristes et engageantes pour l'avenir de la relation bilatérale, comme celles que nous avions entendues en février dernier». Qui conditionne quoi ? M. Belani a affirmé dans son intervention que tout le monde «sait et admet qu'il y a un problème grave» en ce qui concerne les «infiltrations massives» de drogues à partir du territoire marocain. «Nous fûmes surpris, lors des discussions que nous avions voulues confidentielles, dans un premier temps, de nous entendre dire, sur le ton du diktat, que pour mieux coopérer, il faut d'abord ouvrir la frontière», a-t-il dit. A cet égard, a-t-il poursuivi, «on est alors en droit de s'interroger sur la partie qui a commencé à vouloir imposer des - conditionnalités - inacceptables, tant dans la forme que dans le fond», soulignant que cette campagne «est échafaudée en grande partie sur une déformation substantielle de nos déclarations officielles en ce qui concerne la question du Sahara occidental». Des contradictions, encore Au sujet du Sahara occidental, territoire déclaré par les Nations unies «non autonome» depuis 1964, le porte-parole du MAE a souligné que «la seule partie qui met cette question au cœur de la problématique bilatérale, c'est la partie marocaine», prenant comme exemple, le dernier communiqué du MAE marocain «qui soutient, une nouvelle fois, que l'Algérie est bel et bien partie prenante dans ce différend artificiel et ce, en contradiction flagrante avec toutes les résolutions des Nations unies qui identifient très précisément les deux parties au conflit comme étant le royaume du Maroc et le Front Polisario». M. Belani a rappelé que l'Algérie «n'a cessé, pour sa part, depuis la réunion de Zéralda en juin 1988 et celle de Marrakech en février 1989, qui a abouti à la signature du traité constitutif de l'UMA, de découpler la question du Sahara occidental de la relation bilatérale algéro-marocaine et de la perspective stratégique de l'intégration maghrébine à laquelle nous croyons fermement malgré les vicissitudes conjoncturelles que nous voulons transcender». «Il a été convenu, au plus haut niveau, que chaque partie défendra sa position sur cette question et l'Algérie, en ce qui la concerne, continuera à défendre, en toute souveraineté et avec détermination, sa position non négociable de soutien au droit inaliénable du peuple sahraoui à l'autodétermination», a-t-il expliqué.