Colère - La tension de plus en plus vive que connaît la région sur les carburants, a provoqué le mécontentement, voire l'exaspération des automobilistes. Cette pénurie qui a tendance à s'amplifier au fil des jours, provoque, durant toute la journée, d'interminables chaînes d'attente devant l'ensemble des stations-service. Si le rush des automobilistes vers les stations d'essence était surtout visible le long de la route menant au poste frontalier d'Oum Teboul, où les contrebandiers sont nombreux à faire le va-et-vient pour faire le plein, la situation semble s'être généralisée depuis quelques jours dans cette wilaya aujourd'hui en «panne sèche», selon de nombreux citoyens. L'un d'eux, Cherif K., chauffeur-livreur, affirme que depuis le début du ramadan, des dizaines de contrebandiers tunisiens optent pour «une nouvelle stratégie pour s'approvisionner en carburant en toute quiétude. Ils se pointent, explique-t-il, avant la rupture du jeûne, qu'ils rompent dans un centre d'Iftar ouvert à quelques mètres de la station Naftal d'El-Kala, avant de faire le plein sitôt avalée la dernière bouchée et ce, au grand dam des autochtones qui ne savent plus à quel saint se vouer pour mettre un terme à ces agissements. Cette situation a conduit à une dérégulation que les gérants de stations-service confirment : l'un d'eux affirme en effet que les stocks de carburant s'épuisent dans la journée en dépit d'un approvisionnement régulier. Quoique la période estivale et les départs massifs d'Algériens vers la Tunisie aient, de tout temps, constitué la principale raison de ces pénuries récurrentes de carburant à El-Tarf, il reste que, dans cette wilaya, la contrebande et le remplissage des réservoirs de véhicules étrangers est, depuis quelque temps, l'autre vecteur de prolifération de ce phénomène, souligne le livreur Cherif K. Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia, avait indiqué, dimanche dernier, à Aïn Defla, que 25% de la production nationale de carburant «est gaspillée et exportée illégalement» aux frontières. M. Ould Kablia avait précisé que lors d'une réunion interministérielle tenue récemment par le gouvernement pour examiner la pénurie de carburant dans les wilayas frontalières, des mesures ont été arrêtées dont sécuritaires, pour contrecarrer les contrebandiers, estimant que le phénomène de contrebande de carburant «est désormais un problème tant sécuritaire qu'économique».