Bizarrerie - «La plus importante histoire d'ovni de notre temps», écrivait L'Inquirer de Philadelphie. «La plus bizarre observation aérienne de l'histoire de l'aviation», renchérissait le Daily News d'Anchorage, tous les deux en date du 5 janvier 1987. Nous sommes le 17 novembre 1986. Un Boeing 747 de fret des Japan Air Lines (JAL), parti de Paris et ayant fait escale à Reykjavik, Islande, se dirige vers Tokyo via Anchorage au-dessus de la mer de Beaufort, sur la côte nord de l'Alaska. Le temps est clair et le vol 1628 a été, jusque-là, sans le moindre incident. Il transporte, entre autres, des bouteilles de Beaujolais, ce qui inspirera les médisants ! Il est 18h 13, heure locale, et le crépuscule s'installe. Le soleil a disparu à l'horizon (il est à 11 degrés en dessous de 0) quand le pilote, Kenju Terauchi, 47 ans, repère à gauche, au loin, à l'avant de l'appareil, «deux lumières clignotantes» dont il estime être séparé de 11 à 12 km environ. «Sûrement des avions de chasse ou des jets en mission spéciale», pense-t-il. Mais au lieu de s'éloigner, les feux tantôt blancs, tantôt jaunes, demeurent en position à 600 mètres en dessous de l'avion. Il est 18h 19 quand Terauchi décide d'alerter par radio les contrôleurs radar du trafic aérien de la FAA (Administration Fédérale de l'Aviation US) à Anchorage. Carl Henley, technicien, est devant son écran, 10 km plus bas et il entend le copilote Takanori Tamefuji, qui, lui aussi, voit des taches brillantes, demander : «Eh, nous avons là-bas en vue deux lumières devant nous...» Avant même qu'il puisse répondre qu'aucun appareil n'est censé se trouver dans les parages, les deux points lumineux commencent à «manœuvrer». «Comme deux jeunes oursons jouant l'un avec l'autre», dira plus tard Terauchi ! Et ils viennent se placer devant l'appareil, à moins d'un kilomètre de distance, lançant des jets flamboyants au point que le pilote a une sensation de chaleur sur le visage à travers le cockpit. Il évalue leur taille à celle d'un DC 8. Mais ils n'en ont aucunement la forme. Celle-ci ne rappelle rien de connu : ce sont «deux cylindres enveloppés de raies de lumière pointillées latéralement qui partent d'un centre plus sombre». «Comme du charbon de bois piqueté de cendres ardentes et incandescentes». Et tout cela se déplace «en formation» avec le jumbo jet à 900 km/h, «comme contrôlé par une intelligence» (Terauchi). En bas au sol, les contrôleurs ne voient rien d'autre sur l'écran que le 747. Mais voilà que les objets lumineux s'éloignent vers la gauche et disparaissent. On respire à bord, ayant craint un moment la collision. C'est alors qu'un spot s'inscrit sur le radar de bord de l'avion, à gauche encore. L'équipage regarde dans cette direction. «Quelque chose» est là en effet qui semble suivre l'appareil : «une grosse bande de lumière blanche brillante». La voix du pilote est, cette fois, secouée de tremblements. Les contrôleurs focalisent leur radar pour mieux voir. Une image apparaît sur l'écran, précisément là où le pilote a signalé l'objet. La base militaire de l'Air Force de Elmendorf alertée, confirme l'observation. Il est 18h 26. Comme l'avion survole Fairbanks, le halo lumineux montant de la ville permet au pilote d'avoir une meilleure vision de l'objet : c'est me gigantesque masse vert sombre «en forme de noix barrée par le milieu horizontalement d'une bordure éclairée comme un tube néon». Sa taille : «environ celle de deux porte-avions mis bout à bout». Donc de 180 à 200 mètres ! Pour essayer d'échapper à ce formidable ovni qui les suit, Terauchi obtient des techniciens de la FAA l'autorisation d'abaisser son altitude de un kilomètre. L'objet descend en même temps. La poursuite aurait duré au total 40 minutes et s'est étalée sur près de 600 km.