Porter un bonnet blanc ou un blanc bonnet, disent les Français, c'est la même chose ; s'appeler Moussa El-Hadj ou El-Hadj Moussa, répondent les Algériens, c'est du pareil au même. Effectivement, le déplacement du titre «el-hadj», un titre honorifique, réservé en principe aux pèlerins mais en fait donné à tout le monde, ne change rien à l'affaire ! L'expression a peut-être une histoire, mais elle est aujourd'hui oubliée. Après tout, Moussa est un prénom répandu, alors notre hadj peut s'appeler Ali ou Mohammed, cela ne change rien. Ce que l'on veut dire, c'est que les personnages nommés étant en fait le même personnage, on a affaire à la même réalité. D'ailleurs, une variante de Moussa El-Hadj, El-Hadj Moussa est yemchi Ahmed, idji Hamed (Ahmed s'en va et Hamed vient), Hamed étant une variante dialectale de Ahmed. Autrement dit, il faut se méfier des apparences de diversité : telle chose que l?on présente comme nouvelle n'est,, en fait, qu'une chose déjà connue ; tel changement, que l'on prétend apporter à une situation, n'apporte rien de nouveau. Ainsi, quand on dit : il a arrêté de fumer, il s'est tourné vers la chique, on fait suivre aussitôt la proposition par l'expression : ddukhan wela chema ? El-Hadj Moussa, Moussa El-Hadj (la cigarette ou le tabac à chiquer, c'est pareil) ! Dans une autre expression, également très utilisée, on n'emploie pas de noms de personnes mais des noms de villes. Ainsi, kifkif, ki Annaba ki Stif (c'est la même chose, Annaba comme Sétif), autrement dit pour qui ne connaît pas les deux villes, aller vers l'une ou vers l'autre, c?est du pareil au même. Il est évident que les deux noms ont été choisis pour la rime, sinon, les deux villes sont différentes, ne serait-ce que parce que l'une est sur la côte et l'autre à l'intérieur du pays !