Contrairement à l'année précédente, l'on remarque d'emblée que les familles des hadjis ont été autorisées à accompagner leurs proches intra-muros. « Nous disposons d'un effectif suffisant cette année. Nous avons donc décidé de laisser les familles accompagner leurs hadjis et rester un maximum de temps avec eux », précise, à cet effet, un officier de la Police de l'air et des frontières (PAF). Un brouhaha assourdissant emplit l'aérogare où les familles suivent, émues, appareils photo à la main, leurs hadjis effectuer les formalités d'usage avant de passer à la salle d'embarquement. La plupart âgés d'au moins 65 ans voire plus, certains munis de canne ou en fauteuil roulant, les pèlerins, en partance pour les Lieux Saints, paraissaient, physiquement, vulnérables et donc le risque d'être contaminés par le virus de la grippe A (H1N1) est plus important. « Il y a des pèlerins, des personnes âgées généralement, qui souhaitent partir et mourir là-bas à La Mecque, ils ne semblent guère se soucier de la grippe porcine », souligne l'officier de la PAF. Si bon nombre de pays musulmans ont limité l'âge des postulants au hadj, en l'interdisant, notamment, aux enfants de moins de 12 ans, aux femmes enceintes et aux personnes âgées de plus de 65 ans. Ce n'est pas le cas de l'Algérie, où justement ce sont les plus âgés qui postulent pour le hadj. Avec le rafraîchissement de la température au cours des prochaines semaines, l'épidémie de grippe porcine risque de connaître un nouveau pic avec l'afflux de centaines de milliers de pèlerins. Les autorités saoudiennes viennent d'annoncer une « deuxième vague » de grippe porcine. Ils sont 257 pèlerins de Constantine, Mila et Oum El Bouaghi à avoir pris place dans ce vol inaugural vers les Lieux Saints, parmi lesquels on note la présence de quelques VIP (députés notamment). Onze autres vols sont programmés pour transporter environ 3000 pèlerins. Des pèlerins VIP au rendez-vous Pour ce faire, une organisation draconienne est instaurée par les services concernés pour que le futur hadji soit correctement pris en charge. Parmi les maillons d'une véritable organisation mise en place au service du pèlerin, l'on cite les bénévoles du Croissant-Rouge algérien (C-RA), une vingtaine d'éléments ayant, en outre, bénéficié d'une formation en secourisme. Avocats et médecins, ces bénévoles du Croissant-Rouge entourent les pèlerins de tous les soins dès leur arrivée à l'aéroport jusqu'à ce qu'ils se rendent à la salle d'embarquement. Ils s'occupent de leurs bagages et aident les plus âgés dans leurs déplacements. Le tout sous l'œil attentif des proches qui guettent derrière les barrières de sécurité l'itinéraire de leurs pèlerins. Des pèlerins durement éprouvés cette année par diverses tracasseries médico-bureaucratiques. De la problématique du billet d'avion jusqu'au vaccin anti-grippal, le candidat au hadj, édition 2009, est contraint d'effectuer un véritable parcours du combattant pour pouvoir assurer son voyage vers La Mecque. C'est le cas de l'hadj Messaoud, 68 ans, qui a dû faire « intervenir » un parent à lui pour trouver une place sur le vol du 5 novembre. « C'est désolant de devoir courir pour tout. Je suis déjà parti à La Mecque, en 2006, et je n'ai pas connu pareille débandade. Je trouve également honteux de voir que des gens soient prêts à se laisser arnaquer par des agences de voyages peu scrupuleuses pour obtenir des livrets spécial hadj. C'est malsain de partir en terre d'Islam en étant obligé de payer pour un document que d'autres ont pu se procurer par la voie normale. Partir à La Mecque n'a jamais été quelque chose d'obligatoire. » Il est 18h45. Les premières formalités administratives et douanières achevées, les pèlerins se rendent à présent à la Banque d'Algérie : 2 guichets derrière lesquels s'affairent 4 préposés chargés de remettre aux futurs hadjis l'allocation pèlerin qui s'élève à 2500 rials saoudiens. Cette allocation a été, nous dit-on, revue à la hausse cette année puisque chaque pèlerin se verra remettre 200 rials de plus ! Selon certaines sources, cette revalorisation de l'allocation pèlerin, probablement motivée par l'inflation engendrée par la crise économique mondiale, intervient suite à des « instructions venues d'en haut ». Cela dit, les pèlerins interrogés à l'issue de leur « périple » au sein de l'aérogare semblent globalement satisfaits de leurs conditions de prise en charge. A la question : « Avez-vous été vaccinés ? », ils répondent par l'affirmatif. Une femme, la cinquantaine bien entamée, affirme avoir été vaccinée la… veille de son départ. Quel « rempart » préventif pourrait constituer le vaccin contre la grippe saisonnière, pour des pèlerins appelés à être en contact avec le virus de la grippe porcine, sachant que l'OMS a recensé environ 4000 cas en Arabie Saoudite, uniquement durant le mois de septembre ? Avant le départ, chaque pèlerin recevra, nous dit-on, une dizaine de masques et un flacon d'une solution antiseptique. « Il y a des masques de mauvaise qualité, qu'il faut remplacer au bout de deux heures, mais pour les hadjis, on donne des masques qui peuvent tenir deux jours », soutient un responsable du secteur de la santé. Ce nombre suffira-t-il à assurer une protection maximale durant un mois ? Le ministère de tutelle avance, pour sa part, le nombre de 100 masques par pèlerin. 23 h. Les premiers hadjis de l'édition 2009, les plus chanceux, dit-on, viennent de quitter le territoire national. D'autres ne pourront fouler le sol saoudien qu'une fois avoir « réussi » à décrocher le fameux billet d'avion. Et c'est loin d'être une sinécure !