Des sources très crédibles avancent le chiffre effarant de dizaines de milliers de tonnes de kif traité qui transitent, le plus normalement du monde, par notre pays. L'acheminement de ces masses de «marchandises» vers Malte, la Libye et l'Egypte se pratique par les frontières libyennes et tunisiennes vers l'Europe, le gros de la came est transbordé en haute mer dans des bateaux de pêche qui en sont la façade légale. Un confrère, qui a mené ces investigations, en a fait état à la Une. Les graves accusations qu'il a portées contre des parrains très proches du pouvoir sont pourtant restées sans lendemain, hormis des menaces à peine voilées. Mais il n'y a pas que cela. La boulimie effrénée et l'appât du gain facile sont tels que tous les garde-fous civiques et moraux se sont effondrés. Il n'y a plus de limites à la permissivité et aux violations des lois. La contrebande et le commerce informel ne sont plus des pratiques marginales. Ils sont devenus les sources principales du marché. L'armée des petits trabendistes porteurs de valises est l'image d'un passé révolu. De très gros barons de certaines villes frontalières et portuaires ont investi le créneau et en ont fait un méganégoce. Ils jouissent de complicités, d'appuis et de hautes protections pour contourner les lois. Ces nouveaux notables sont devenus les plus grosses fortunes du pays. Les banques sont devenues leurs instruments. Les ports et les frontières leurs chasses gardées. L'import-import n'a plus de secret pour eux. Mais la masse monétaire qu'ils manipulent est devenue tellement importante que le marché n'arrive plus à l'assimiler. Il leur faut maintenant d'autres horizons. Les puits de pétrole peut-être. C'est dans l'air, paraît-il.