Facteurs ■ Ils sont des milliers à sombrer dans la consommation de drogue pour fuir la mal vie, le chômage, la précarité de leurs conditions et celles de leurs parents. Ce produit à effet euphorique garanti, permet à notre jeunesse en panne d'espoir d'échapper à une oisiveté devenue, au fil du temps, une fatalité. Un état de fait qui s'annonce des plus graves d'autant que ce fléau touche les catégories sociales les plus vulnérables à savoir les collégiens et les lycéens. Les causes de cette dépendance très préjudiciable sont multiples. La violence, vécue lors de la vente des billets d'entrée au stade où s'est déroulée la rencontre Equipe nationale - Burkina Faso, reflète parfaitement bien ce marasme social imposé par la déperdition scolaire. Pour s'en convaincre, il suffit de les écouter pour constater le déphasage existant entre ces derniers et leur environnement social, familial et professionnel. C'est « le résultat d'une mise à l'écart du jeune dans la prise de décision au sein de la famille, à l'école et au niveau politique», estime la directrice du Centre national de recherche en anthropologie sociale et culturelle (Crasc). «Il y a une réalité de mise à l'écart des jeunes. On leur parle mais on ne les laisse pas répondre», déplore Noria Remaoune, tout en insistant sur le fait que cette catégorie «a vraiment besoin d'avoir droit à la parole». Les quelques chiffres avancés par les institutions sécuritaires et judiciaires sont inquiétants. Les parents dont les enfants sont toxicomanes, n'ont, de toute façon, d'autre choix que de se plier aux conséquences du drame social qui a ébranlé le pays pendant dix longues années. Et l'absence d'une prise en charge psychologique et sociale de cette catégorie n'est pas faite pour améliorer la situation. Ce n'est, en effet, un secret pour personne, que la décennie noire a produit une génération violente et en panne de repères. L'avènement des nouvelles technologies de l'information et de la communication y est aussi pour quelque chose dans l'ampleur prise par la consommation de drogue chez nos jeunes et les mutations profondes que vit la société. Les témoignages de certains adolescents qui s'adonnent à ce «plaisir» confirment ce changement et cette déviance sociale de plus en plus visible dans nos rues, aux abords de nos établissements scolaires, des quartiers populeux, dans les stades, etc. «Pour nous les garçons, prendre un joint est synonyme d'une maturité précoce qui nous procure une certaine assurance, voire de l'aisance devant les enseignants et les responsables du lycée», avoue Nazim 17 ans. Pour les filles, puisque un certain nombre d'entre elles semble s'y mettre aussi, c'est l'expression d'une «modernité» et une manière de s'opposer aux valeurs jugées trop archaïques. En somme, le fléau a pris des proportions alarmantes touchant toutes les catégories. Mais, par «pudeur», ni la famille et encore moins l'école n'osent aborder ou débattre de ce thème.