La vague de fond qui vient de révéler au peuple son impressionnante unité patriotique dans toute la richesse et la fécondité de sa diversité, impose désormais aux gouvernants l'impérieuse nécessité de changer ses pratiques et modes de gouvernance. Tous les intellectuels qui ont analysé ce mouvement social d'une profondeur et d'une ampleur inégalées n'ont pas manqué de le souligner avec autant de force que de pertinence. Ainsi, et afin de mieux connaître les aspirations de la jeunesse algérienne, la directrice du Centre national de recherche en anthropologie sociale et culturelle (CRASC), Noria Remaoune, a mis l'accent, hier, sur la nécessité de mener des études et des recherches pour mieux connaître ces aspirations. Intervenant sur les ondes de la chaîne III de la Radio nationale, Mme Remaoune a déploré le manque d'études pour mieux connaître l'évolution et la situation des jeunes "qui sont à la recherche de l'autonomie et de leur propre identité". Elle a estimé qu'il y a une "méconnaissance totale" à l'égard de la jeunesse algérienne "mise à l'écart dans un "système social fermé", d'où la nécessité, a-t-elle dit, de "mener des recherches et des analyses pour mieux connaître les aspirations des générations qui se succèdent et leur évolution dans la société". Mme Remaoune a fait remarquer que "les jeunes d'aujourd'hui n'ont pas les mêmes ambitions, les mêmes rêves et les mêmes projets que ceux de leurs prédécesseurs". "Le mode d'éducation et de socialisation de types familial, social ou politique, est construit sur un socle référentiel de la dépendance et de mise à l'écart de la décision", a expliqué Mme Remaoune selon laquelle cette situation est "le résultat d'une mise à l'écart du jeune de la prise de décision au niveau de la famille, à l'école et au (niveau) politique". "Il y a une réalité de mise à l'écart des jeunes. On leur parle, mais on ne les laisse pas répondre", a-t-elle déploré, tout en insistant sur le fait que cette catégorie "a besoin de l'accès à la parole". Mme Remaoune a ainsi appelé à promouvoir la culture de la communication, en "commençant par son apprentissage au sein de la famille et de l'école sans oublier le mouvement associatif qui a aussi un rôle important à jouer dans l'insertion et l'émancipation des jeunes". Notons qu'il y a nécessité de faire confiance aux jeunes Algériens, qui ont prouvé, à maintes reprises, le grand amour au pays, mais ces études sont le premier pas vers le changement. L'Algérie entière n'aura pas à le regretter.