La hyène qui ne se nourrissait que de viande fini par goûter un jour de la volaille. Et depuis ce jour, elle prit la ferme décision de ne manger autre chose que de la volaille. Tous ses congénères la conseillèrent, mais tous les efforts pour la ramener à la raison se soldèrent par des échecs. Ainsi, la hyène tua beaucoup d'oiseaux de la brousse. Elle finit par faire disparaître l'espèce des oiseaux de la brousse. Un jour, elle parcourut toute la brousse et ne vit aucun oiseau. Elle se promena toute la journée mais ne vit rien du tout ; se promena même la nuit, mais toujours rien. Fatiguée, elle se réfugia sous l'ombre d'un grand arbre. Soudain, qu'est-ce qu'elle entend dans les feuillages au dessus de sa tête : des cris de chèvre ! Elle s'étonna en ces termes : «Dieu tout puissant, qui peut faire monter une chèvre sur un si grand arbre ?» Se rappelant sa promesse de ne manger que de la volaille, elle se détourna de cette réflexion et se mit à dormir. Quelques instants après, les mêmes cris reprennent de plus belle. Elle s'interrogea de nouveau : «Je sais que les chèvres grimpent les arbres, mais, des arbres de cette taille, il faut dire qu'il y a de quoi s'interroger. D'où peut venir cette chèvre mystérieuse ?» Les cris reprennent une troisième fois et perturbèrent la sieste de la hyène. Elle décida alors d'en savoir d'avantage. Elle jura que cet animal soit un fauve ou une volaille, elle le mangera. «J'avais juré de ne manger autre chose que de la volaille, mais puisque je suis seule ici et sans témoin, je vais manger cette chèvre et personne ne saura rien.» Lorsqu'elle leva la tête, que vit-elle dans l'arbre : un gros coq aux ergots très longs. Elle s'étonna en se disant : «mais n'est-ce pas cet oiseau qui faisait des cris de chèvre ? D'où vient-il ?» Elle s'adressa alors au coq en ces termes : — Eh, toi volaille, viens ici que je te mange. — Je ne descend pas aujourd'hui, je ne descend pas demain. Elle repris encore : — J'ai fini de manger tous tes parents. — Je ne descend pas aujourd'hui, je ne descend pas demain. — J'ai fini de manger tous tes frères et sœurs. — Je ne descend pas aujourd'hui, je ne descend pas demain. — J'ai fini de manger tous tes amis. — Je ne descend pas aujourd'hui, je ne descend pas demain. — J'ai fini de manger tout tes voisins, tout tes congénères. — Je ne descend pas aujourd'hui, je ne descend pas demain. Devant cette attitude du coq la hyène piqua une vive colère et lança : «Je ne te comprend même pas toi, je te dit que j'ai tout mangé chez toi. J'ai même mangé tout ton espoir.» Dès qu'elle eut lancé cette phrase, le coq sauta a terre et vint se présenter devant la hyène en lui tenant ce langage : «Eh bien.. ! Tu as gagné, il ne te reste qu'à me manger moi même maintenant.» Cette attitude troubla encore la hyène qui domina sa faim et demanda au coq le pourquoi de cette décision subite. Le coq lui dit : «Toi la hyène, certains n'ont pas de père, et pourtant ils vivent, n'est-ce pas. D'aucun n'ont pas de mère, ils vivent bien aussi. Il y en a même qui n'ont ni parents, ni amis, mais ils s'en sortent. Mais quand on n'a plus d'espoir, il n'y a pas d'issue. Puisque tu as mangé tout mon espoir, il ne me reste plus rien. Tu peux donc me manger moi aussi.» La hyène réfléchit, elle qui se promène dans cette brousse toutes les saisons, elle n'a jamais pensé fonder son espoir sur quelqu'un ou quelque chose. Ellel décida alors de faire du coq son espoir. Et c'est depuis ce jour qu'à l'approche du jour, le coq averti la hyène. Et c'est encore depuis ce jour que la hyène ne mange jamais de coq.