La publication de son livre, demain matin, est un événement tant éditorial que politique. Ce sont les Mémoires les plus chers de l'histoire mondiale de l'édition : Clinton a reçu de son éditeur, Alfred Knopf, une avance de 10 millions de dollars et les préventes auraient déjà couvert entièrement la première impression du livre (1,5 million d'exemplaires). Leur lancement ne manquera pas d'avoir un impact sur la campagne électorale. Les médias se passionnent essentiellement pour les quelques pages sur la vie sexuelle du président («une terrible erreur morale») et son incapacité de neutraliser Ben Laden («ma plus grande déception»). Quatre ans après son départ, Clinton soulève encore autant de passions violentes. La droite américaine est repartie en croisade contre l'affreux «Bubba». Une association, Citizen United, s'apprêtait même à passer une publicité montrant des images des différents attentats commis sous la présidence Clinton. Slogan conclusif : «Gagner la guerre contre le terrorisme exige un président qui ait la volonté de se battre contre lui...» Même les critiques semblent perdre leur sang-froid en lisant son livre. Au lieu de se borner à le trouver médiocre, le critique du New York Times (journal plutôt prodémocrate) s'étranglait hier : «Le livre, qui pèse plus de 950 pages, est mal ficelé, complaisant, ennuyeux à mourir et émet le bruit d'un homme qui parlote à n'en plus finir, non pour le lecteur, mais pour lui-même.»