Déclarations ■ Le Président kenyan Uhuru Kenyatta, dont le pays vient de subir, dimanche, deux attentats à la bombe contre des autobus dans Nairobi, a déclaré à Abuja que les assaillants «ne vaincront pas» le Kenya et le Nigeria. «Ma présence ici est le signe que ces personnes ne nous vaincront pas. Nous allons continuer et nous gagnerons la bataille», a déclaré Kenyatta, arrivé à Abuja pour une visite d'Etat. Kenya et Nigeria «sont aux prises avec des bandes de lâches terroristes, des gens qui n'ont aucun respect pour la vie», a poursuivi le président kenyan. «Nous devons demander à nos deux peuples de s'unir à nous pour gagner cette bataille», a poursuivi Uhuru Kenyatta au cours d'une conférence de presse commune avec le président Goodluck Jonathan. «Ils nous ramènent en arrière, ils nous ralentissent, ils tuent des innocents, ils détruisent nos biens, mais nous allons renverser cette tendance et la terreur n'empêchera pas l'Afrique de progresser», a dit Jonathan. Le bilan des attentats contre deux bus, dimanche, à Nairobi s'élève à trois morts et 86 blessés, selon la Croix-Rouge du Kenya, où les autorités ont appelé la population à la vigilance, face à la multiplication récente des attaques dans le pays. La veille, quatre personnes avaient été tuées à Mombasa par une grenade lancée à l'intérieur d'un bus bondé arrivant de Nairobi. Deux attentats ont frappé récemment la même gare routière en périphérie d'Abuja, à moins de trois semaines d'intervalle, faisant 90 morts. De plus, 276 lycéennes ont été enlevées le 14 avril par le groupe islamiste Boko Haram, qui veut en faire «des esclaves», dans leur établissement scolaire de Chibok (nord-est), dans l'Etat de Borno. 223 sont toujours en captivité, 53 ayant réussi à s'enfuir. Le groupe Boko Haram («L'éducation occidentale est un péché») en langue haoussa, revendique la création d'un Etat islamique dans le nord du Nigeria. Le groupe extrémiste a déjà fait plusieurs milliers de morts depuis le début de son insurrection en 2009, au cours d'attaques visant des écoles, des églises, des mosquées et des symboles de l'Etat et des forces de l'ordre. Jusqu'à présent, les violences perpétrées par le groupe islamiste étaient concentrées dans le Nord-Est, son bastion historique. Mais les deux attentats qui ont frappé récemment la même gare routière en périphérie d'Abuja, rappellent la menace sérieuse que fait planer Boko Haram sur le pays tout entier. Avec quelque 170 millions d'habitants, le Nigeria, premier pays producteur de pétrole d'Afrique sub-saharienne, est confronté à une violence structurelle, dans le nord musulman avec Boko Haram, le centre du pays avec des affrontements intercommunautaires, ainsi que dans le delta du fleuve Niger (sud) où les communautés locales réclament une meilleure répartition des revenus du pétrole. Lycéennes enlevées : vendues comme esclaves L'abject fait place à l'horreur dans l'affaire de l'enlèvement de 200 lycéennes nigérianes. Le groupe islamiste armé Boko Haram qui a revendiqué, hier, lundi, l'enlèvement de plus de 200 lycéennes mi-avril dans le nord-est du Nigeria, explique qu'il veut les «vendre» comme «esclaves» et les «marier» de force. «Je vais les vendre sur le marché, au nom d'Allah», poursuit Abubakar Shekau. «Allah dit que je dois les vendre, elles sont à Lui». «J'ai dit que l'éducation occidentale devait cesser. (...) Les filles, vous devez quitter (l'école) et vous marier», exhorte-t-il, précisant que son groupe garde «des gens comme esclaves». «Je vais épouser une fille de 12 ans, je vais épouser une fille de 9 ans», dit-il ensuite. Dans cette nouvelle vidéo, Shekau porte un treillis militaire et se tient debout devant un véhicule de transport blindé et deux pick-up surmontés de mitrailleuses. Six hommes armés se tiennent à ses côtés, le visage dissimulé. L'image est floue, mais on aperçoit assez clairement le visage du chef islamiste, qui s'exprime en haoussa, en arabe et en anglais, quand la caméra zoome sur son visage. Pendant les 14 premières minutes de la vidéo, Shekau vilipende la démocratie, l'éducation occidentale et ceux qui ne croient pas en l'islam. Diverses sources de l'Etat de Borno ont évoqué le possible transfèrement des adolescentes au Tchad et au Cameroun voisins, où elles auraient été vendues pour 12 dollars chacune.