Patrimoine ■ C'est hier qu'a été donné le coup d'envoi de la 8e édition du Festival national de musique et de danse diwane de Béchar, initié par le ministère de la Culture. La soirée inaugurale a été marquée par Izelouane d'Ahalil féminin d'Adrar, par le groupe local Gnawa El-Waha, et par le groupe Caméléon. Ce rendez-vous, qui, d'année en année, suscite un véritable engouement des jeunes, se poursuivra jusqu'au 29 mai. Pour cette présente édition, qui est placée sous le thème «Diwane, patrimoine et culture», plusieurs noms sont à l'affiche, à savoir Hasna El-Bacharia, une icône de la musique diwane, tout comme la troupe «Gnawa Nora» ou encore Es-Sed et Freeklan En tout, une quinzaine de troupes versées dans le genre diwane, amateurs ou issues de confréries soufies, venant de différentes régions du pays, vont concourir pour les trois premières places, ouvrant droit à une participation au prochain Festival international de la musique diwane qui aura lieu Alger. Au fil des éditions, donc au fil des expériences, le festival est devenu, selon les observateurs, «une référence artistique nationale, de par l'importance des troupes participantes et de la qualité des représentations artistiques». Si le festival s'emploie à faire connaître la nouvelle scène musicale algérienne vouant un intérêt pour ce patrimoine immatériel longtemps confiné dans son espace sacré et mysthique, donc une occasion de mettre en valeur le talent des musiciens diwane, l'objectif premier de ce festival reste surtout «la valorisation et la promotion de l'une des plus anciennes expressions musicales et chorégraphiques nationales, en l'occurrence le diwane». En effet, grâce à l'apport du festival, le diwane peut s'affirmer aujourd'hui comme modèle musical suivi par des musiciens de divers horizons qui, d'ailleurs, ont fait la réussite de ce festival. «A chaque édition, le festival est un vif succès», tiennent à souligner les organisateurs. Le festival devient alors le creuset pour jeunes talents et aussi un lieu de sauvegarde de ce genre musical, un inestimable patrimoine matériel, puisqu'il fait à chaque fois l'objet de recherche et d'étude. «Des chercheurs et universitaires viennent chaque année confronter leurs recherches sur les différentes facettes et aspects rituels de cette pratique musicale et chorégraphique spirituelle», estiment les organisateurs. Rappelons que lors de la 7e édition, des chercheurs ont concentré leur intérêt sur la promotion du diwane, donc sa vulgarisation, à savoir son passage du sacré à la scène. Pour cette présente édition, les organisateurs ont choisi d'assigner au volet académique la mission de mettre en relief le caractère patrimonial et culturel authentique de la musique diwane. La réflexion sur le rôle des festivals culturels en tant que levier au service de la dynamisation touristique et économique des villes algériennes fera l'objet d'un atelier ad hoc, également programmé en marge des concerts. Le festival s'avère, selon les organisateurs, «un moyen de promouvoir Béchar comme région à vocation culturelle et touristique, pour peu que d'autres secteurs s'impliquent financièrement et matériellement pour lui donner une place de choix parmi les grands événements artistiques du pays et du Maghreb». L'aspect thérapeutique de la musique diwane, traditionnellement accompagnée de transes lors des cérémonies animées par les confréries, sera aussi abordé par des chercheurs du Centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques (CNRPAH). Par ailleurs et suivant les recommandations des participants à l'édition de 2013, les organisateurs du festival prévoient de reconduire la résidence d'artistes afin d'instaurer un environnement propice à la création et dont le produit sera présenté sur scène en clôture. La fabrication artisanale des instruments de musique propres au diwane sera de mise à ce 8e festival, à travers des artisans de la région, qui devront exposer leurs produits à la Maison de la culture de Béchar. Et pour se conformer aux standards internationaux, l'édition de 2014 devrait être couronnée par la réalisation de compilations musicales puisées dans les archives des sept précédents festivals.