Acharnement ■ «Son talent n'est pas en cause. Le vrai problème, c'est qu'on veut lui faire payer ses origines. S'il s'appelait Nedelec et jouait à Guingamp, il susciterait moins de fantasmes». Qu'ils jouent ou qu'ils ne jouent pas, qu'ils remplissent leur rôle sur le terrain ou passent complètement à côté de leur sujet au même titre que leurs coéquipiers, les footballeurs musulmans ou d'origine maghrébine échappent rarement aux critiques des médias et des supporters français. L'équipe de France ne gagne pas ? C'est la faute à Franck Ribéry qui ne joue pas convenablement son rôle de leader du groupe. L'attaque ne marque pas assez de buts ? C'est Karim Benzema qui en est responsable. Le milieu de terrain ne récupère pas assez de balles ? C'est Samir Nasri qui en est la cause. Même si ces joueurs ne sont pas exempts de tout reproche, ils ne méritent pas d'être montrés du doigt à chaque fois que les Bleus font un faux pas ou ne jouent pas bien. Certes, Nasri a été mauvais lors du match barrage aller qualificatif à la phase finale de la Coupe du monde 2014 disputé par l'équipe de France face à son homologue ukrainienne en novembre 2013. Néanmoins, il n'était pas le seul. En effet, ses coéquipiers n'ont pas montré, eux non plus, grand-chose tout au long de la rencontre. Qu'à cela ne tienne, une partie de la presse hexagonale n'a vu que la mauvaise prestation du joueur d'origine algérienne. C'est à croire que le football est un sport individuel. Idem pour Benzema : il suffit qu'il ne marque pas pour que tout le monde lui tombe dessus. Quant à Ribéry, il reste très peu aimé en France même s'il a failli remporter le Ballon d'Or 2013. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, les trois footballeurs sont choyés par leurs clubs respectifs et leurs supporters. Ouvrons une parenthèse pour signaler que Nasri, Benzema et Ribéry évoluent au sein des meilleurs clubs au monde à l'heure actuelle (Manchester City pour le premier, le Real Madrid pour le second et le Bayern Munich pour le dernier) où ils sont des titulaires indiscutables. Pourquoi sont-ils alors contestés au sein de l'équipe de France qui renferme en son sein des joueurs qui évoluent dans des clubs tout juste moyens ? L'explication a été donnée par l'inusable et très expérimenté Guy Roux qui connaît mieux que quiconque les rouages du football français. Réagissant à la non-sélection de Nasri pour le Mondial brésilien, l'ancien entraîneur de l'AJ Auxerre n'a pas pris de gants pour déclarer que le Mancunien est victime de ses origines. «Je le défends car je l'ai toujours trouvé très bon avec ses clubs successifs. Son talent n'est pas en cause. Le vrai problème, c'est qu'on veut lui faire payer ses origines. S'il s'appelait Nedelec et jouait à Guingamp, il susciterait moins de fantasmes. Et on aurait arrêté depuis longtemps de lui faire payer ses bêtises de jeunesse. A travers son cas, il y a de vilaines pulsions. Je crois que pour certains, c'est facile de ne pas l'aimer parce qu'il s'appelle Samir», a-t-il affirmé en substance dans les colonnes du Parisien. Des propos qui se passent de tout commentaire...