Situation ■ Le général dissident, Khalifa Haftar, a échappé, ce matin, à un attentat suicide à la voiture piégée contre un de ses quartiers généraux dans l'est de la Libye dans lequel trois de ses hommes ont péri... «Un attentat suicide à la voiture piégée a été perpétré contre une villa où nous étions réunis. Trois soldats ont été tués», a indiqué le général Sagr Al-Jerouchi, «chef des opérations des forces aériennes» loyales au général Haftar, soulignant que ce dernier, présent dans la maison au moment de l'attaque, était sain et sauf. M. Jerouchi a indiqué avoir été lui-même «légèrement blessé» dans l'attentat, qui a eu lieu près de Benghazi, la grande ville de l'Est libyen. Il s'agit de la première attaque visant Khalifa Haftar, depuis qu'il a lancé le 16 mai à Benghazi une offensive destinée, selon lui, à éradiquer les «groupes terroristes». Benghazi est considérée comme le fief de nombreuses milices islamistes lourdement armées. La confusion à la tête du pouvoir lui a permis de rallier des soutiens auprès de la population, de la classe politique et des militaires. Ce général dissident de 71 ans, qui dit avoir un «mandat» du peuple dans sa «bataille contre les terroristes», après des manifestations de soutien au général, est lui accusé de mener un coup d'Etat par les autorités et les islamistes. Mais le général assure n'avoir aucune ambition politique. Aucun des deux Premier ministres rivaux n'a proclamé publiquement son soutien à l'opération du général contre les groupes islamistes armés. Tous deux se sont déclarés déterminés, a l'instar de M. Haftar, à combattre «le terrorisme», en insistant toutefois sur le fait que toute opération devait se faire dans le cadre de l'Etat. «Quand l'Etat est absent, quiconque émerge peut être considéré comme une planche de salut», a estimé Othmane Ben Sassi, ancien membre du Conseil national de transition (CNT), ex-bras politique de la rébellion qui a renversé le régime de Mouammar Kadhafi en 2011. Relayant les doutes sur les réelles intentions de M. Haftar, M. Ben Sassi souligne que «la division de la classe politique et l'absence totale de l'Etat à Benghazi, lui ont donné plus d'influence et de soutien, lui permettant de se substituer à l'Etat». Al-Qaîda au Maghreb islamique (Aqmi) avait appelé dimanche à combattre le général dissident, qualifié d'«ennemi de l'islam». Ansar Asharia, un groupe classé «organisation terroriste» par les Etats-Unis, avait aussi prévenu que le général Haftar connaitrait le même sort que Mouammar Kadhafi, qui a dirigé la Libye pendant plus de 40 ans avant d'être tué en 2011, au terme de huit mois de conflit avec des rebelles.