Historiquement, c'est connu : depuis la première Coupe du monde disputée en Uruguay en 1930, aucune sélection européenne n'a réussi à gagner le trophée lorsque le tournoi est organisé en Amérique du sud. Le contraire a eu lieu en 1958, en Suède, où le Brésil des Pelé, Vava, Garrincha, Zagallo et autres, a dominé le pays hôte (5-2). Si l'on suit donc cette tendance, le Mondial 2014 reviendrait à un pays de l'Amérique latine voir peut-être de l'Amérique centrale avec le raz-de-marée enregistré après le premier tour. En effet, hormis le Honduras qui n'a récolté aucun point en deux rencontres et l'Equateur, second du même groupe E, qui garde toutes ses chances pour se qualifier aux 8es de finale dès ce soir face à la France, les autres sélections ont imposé leur loi et se retrouvent toutes au second tour. Portées par des armées de supporteurs bruyants et enthousiastes, les sélections sud-américaines impressionnent par leur fraîcheur de jeu, leur technique, leur audace et leur ambition d'aller le plus loin possible dans ce tournoi, notamment celles qu'on n'attendait pas. En lieu et place du Brésil, qui s'est réveillé face à un Cameroun englué dans ses éternels problèmes, l'Argentine, laborieuse pour venir à bout de l'Iran grâce à son Messi dans le temps additionnel, et l'Uruguay, toujours dépendant de son Suarez, on a eu droit à des équipes libérées et charmeuses à l'image de la Colombie, du Chili et du Costa Rica, auxquels on rajouetra le Mexique, que certains n'attendaient pas à une telle enseigne, et un peu plus au nord, les Etats-Unis qui a poussé dehors le Portugal. Le football reprend ainsi ses droits dans le jeu plus léché des sud-américains, malgré l'influence technico-tactique des européens au point de faire oublier aux Brésiliens leur côté fantaisiste et ce génie qui faisait leur marque de légende. Heureusement qu'il y un Neymar, un garçon doué sorti tout droit des terrains vagues et qui, du haut de ses vingt-deux ans, est devenu le héros providentiel de toute une nation qui ne rêve que d'une seule chose : gagner ‘'sa'' Coupe du monde et effacer le cauchemar de 1950. Neymar a cette vertu de ressusciter l'époque du ‘'joga bonito'', le beau jeu à la brésilienne, comme le font les Colombiens James Rodriguez et Jackson Martinez pour remettre le fameux ‘'Toque'', ce jeu à une touche de balle de Francisco Maturana, au goût du jour. Et c'est un autre Colombien, le sélectionneur Jorge Luis Pinto, qui est derrière la performance des Ticos, du Costa Rica, qui sortent premiers de leur groupe avec un jeu moins standardisé, favorisant la technique et la gestuelle. Le Mexique n'est pas loin avec son jeu spectacle-piquant qui fait déjà sensation en attendant la montée en puissance de l'Argentine et ses stars européennes et à ce que le Brésil puisse retrouver son style singulier. Et puis, il y a l'Algérie qui a séduit après son match face à la Corée du Sud depuis qu'elle s'est souvenue de son jeu naturel, traditionnel, porté sur la technique et l'offensive. Un jeu porté par des orfèvres nommés Brahimi, Djabou et Feghouli qui rappellent l'âge d'or des années 80, mais selon d'autres perceptions. Laisser libre droit à la créativité, c'est aussi la clé de la réussite et éviter de tomber dans les travers de certaines sélections africaines, comme le Cameroun, incapable de se libérer de ses vieux démons, ou la Côte d'Ivoire qui a raté la qualification dans la dernière minute du temps additionnel alors qu'elle avait la possibilité de tuer le match deux minutes auparavant. Sacrifiant toute une génération, celle des Drogba et Touré. Curieusement, ce match Côte d'Ivoire - Grèce, ressemble à celui de Russie – Algérie où une victoire qualifierait les hommes de Capello et un nul propulserait les Verts vers leur objectif tant espéré. Alors, retenons la leçon pour espérer faire partie de la bande sud-américaine.